MIRAGES

Un ouvrage en trois parties reprenant des inédits et des pages de Druillet parues dans la presse :
– "Histoires Sèches" est composé de récits noirs et torturés, proches de l’ambiance de "La Nuit" ou de Reiser (1974 – 1979) – "Mon frère robot" présente des histoires de Space Opéra, de SF parodique ou délirantes (1970-1978)
– "Agorn va et tue" est plus centré sur le fantastique, avec une nouvelle érotico-med-fan scénarisée par Druillet et dessinée par Alexis, trois histoires médiévales fantastiques, une vision du monde de HP Lovecraft (le nécronomicon) et une auto-parodie de Druillet sabotée et scénarisée par Gotlib…

Par TITO, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur MIRAGES

Cet ouvrage, sorte de compilation de nouvelles et d’essais plus ou moins réussis, est épuisé, autant vous prévenir. Mais étant donné que cet objet est très étrange et ne concerne à priori que quelques passionnés, il est assez facile de le trouver d’occasion à un prix raisonnable.
La première partie est clairement celle qui rebute le plus. Les strips présentés, écrits dans les périodes les plus sombres de Druillet, sont provocateurs à l’extrême (viols, torture, massacres, ultra-violence gratuite, cannibalisme) et il me semble clair qu’aucun éditeur ne se lancerait aujourd’hui à rééditer cela. Il faut par contre replacer ces pages dans un contexte où la BD se cherchait, dans « Métal Hurlant » et « l’écho des savanes », y compris en testant ses limites. Les messages sont approximatifs, mais on en ressort un peu comme après Orange Mécanique, hagard, avec l’étrange sentiment d’en vouloir à l’auteur de nous avoir mis devant le pire de l’homme. Je conseille aux lecteurs peu préparés ou connaisseurs de cette époque de passer directement à la seconde partie…
La partie centrale est plus classique pour Druillet. On y retrouve une savoureuse parodie de Lone Sloane au dénouement hilarant, et quelques histoires humoristique plus ou moins sympathiques. Disons simplement que l’humour n’est pas le fond de commerce de Druillet, mais que ces délires amuseront les fans de cet auteur qui sait prendre du recul sur ses thèmes de prédilection.
En troisième partie, quelques histoires fantastiques, avec une étonnante histoire dessinée par Alexis (collector à mon avis), puis ce qui pour moi constitue le meilleur de cette BD : un essais graphique somptueux basé sur Lovecraft, et deux histoires fantastiques montrant à quel point le souffle héroïque de Druillet convient à une ambiance moins space op. On en vient à regretter que la veine n’ait pas été plus exploitée. On y retrouve les éléments qui feront la réussite de Nosferatu…
En guise de bouquet final, une auto parodie de Druillet réalisée avec Gotlib (scénariste de l’histoire) et parue dans fluide en 77, sorte de joute visuelle où le « maître » se moque ouvertement de Druillet : son look, ses marottes, ses effets visuels… Complètement savoureux et hilarant.

En résumé cet album étrange est à réserver aux amateurs et aux collectionneurs, et à lire avec le recul que nécessite ce genre de fourre-tout très inégal. Cependant, quelques parties transcendent l’ensemble et en font un assemblage disparate à ne pas manquer pour un collectionneur curieux !

Par TITO, le 29 mars 2003

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