MINIK
Minik

 
Après plusieurs mois d’exploration et de navigation dans les territoires arctiques, c’est début octobre 1898 que Robert E. Peary amarra son bateau, le « Hope », à New York. A son plus grand désarroi, il n’avait pas atteint le pôle, cette fois encore, mais trouvait un certain réconfort dans le fait qu’en cale sèche, il ramenait des curiosités qu’il allait pouvoir monnayer pour monter sa prochaine expédition. Ces curiosités, c’était ce qu’on appelait à l’époque des Eskimos. Des Peaux-Rouges des glaces. Des sauvages…

Confiés aux scientifiques du muséum d’histoire naturelle de New York, les hommes du froid ont très vite été victimes du virus de la grippe et seul un enfant parmi eux survécut. Il s’appelait Minik.

Bien que ces Inuits furent aux yeux du plus grand nombre de simples cobayes ou des attractions au même titre que le sont les animaux d’un zoo, Minik se fit adopter après le décès de son père par un certain Mr. Wallace, un homme qui fut sans doute sensible plus que d’autres… Dans sa nouvelle famille, l’enfant déraciné avait gagné un frère, et tout aurait pu se dérouler de manière confiante et sereine si un jour, Minik n’était pas tombé nez à nez, dans une pièce du sous-sol du muséum d’histoire naturelle, avec une vitrine dans laquelle son père Qisuk avait été exposé, empaillé, alors qu’on avait fait croire à Minik que son père était enterré là où il avait lui-même procédé au rite funéraire traditionnel inuit !

Dès lors, Minik ne revint plus chez sa famille adoptive. Survivant dans la rue, il se mit en tête de faire payer Peary, celui à l’origine de son malheur, pour le mal qu’il avait commis…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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2 avis sur MINIK # – Minik

Il y a des expériences comme ça, des rencontres, qui ne laissent pas indifférents. Je ne connais pas les autres adaptations de cette histoire, je n’ai pas non plus lu le roman à la base de ce scénario, mais, il n’empêche que ce récit m’a beaucoup touché. Tout d’abord par cet humanisme muet qui s’en dégage et par conséquent l’inhumanité qui contre balance ce sentiment. Ici les "blancs" sont pour la plupart, puants (bon comme toujours il y a une super famille très tolérante et accueillante) et méprisant, ce genre de récit est surtout le moyen le plus direct pour mettre en avant l’esprit étriqué qui avale le pauvre petit "sauvage". Et Marazano a l’écriture idéale pour mettre en exergue ce genre de relation inter culturelle.
Le thème du petit sauvage perdu dans la civilisation n’est pas très neuf, c’est vrai mais il fait toujours autant vibrer la corde sensible, on est révolté par l’absurdité de toutes ces réactions, et finalement ce qui est systématiquement mis en avant c’est paradoxalement la sauvagerie et l’incompréhension de notre civilisation moderne face à ces personnes qui ne demandent que la paix et la tranquillité. Bon, la recette est un peu facile mais elle fonctionne à chaque fois !
L’autre très bon point de cet album c’est le graphisme d’Hippolyte, certes moins "fignolé" que sur Dracula" par exemple mais très vivant, très expressif. Certaines planches sont tout bonnement magnifiques de finesse. (A noter que l’édition spéciale nous ouvre légèrement le carnet de croquis de l’artiste et nous permet ainsi d’admirer son travail de recherche, magnifique)

Par FredGri, le 2 février 2009

 
Après Groenland-Manhattan paru un peu plus tôt aux éditions Delcourt, Hippolyte et Marazano voient à leur tour publiée leur adaptation en bandes dessinées de l’histoire vraie de "Minik, l’esquimau déraciné" ainsi que l’avait surnommé le titre de la version française du roman éponyme de Kenn Harper.

Les comparaisons principales qu’on pourra faire sur le fond entre la bande dessinée de Chloé Cruchaudet et Minik sont multiples. Avant tout, au niveau de l’histoire, on observera que Minik s’arrête bien avant Groenland-Manhattan qui nous faisait assister au retour de "l’esquimau" parmi les siens puis évoquait son ultime retour, finalement, vers les Etats-Unis.

Au niveau des personnages, vous percevrez peut-être plus l’humanité des personnages dans Minik : le séjour de l’enfant chez les Wallace y semble plus profitable, par exemple. La très importante scène de la découverte du corps de son père par Minik dans les sous-sols du muséum, aussi, est plus impressionnante même si Chloé Cruchaudet avait elle misé sur une mise en page à l’impact autrement fort… Quant à Peary, il est invariablement égratigné, et ce dans les deux œuvres !

Au niveau de certains détails du récit, on notera des différences : le langage moins argotique des Inuits, comment est abordé le rituel de l’enterrement de Qisuk, l’évocation de la météorite de Groenland-Manhattan inexistante dans Minik, et une pelletée de petites autres choses que vous prendrez plaisir à relever. Car qu’on se le dise : ce qui est intéressant (pour qui peut !) dans ces cas de "doublons", c’est justement de lire les deux versions et de les voir se compléter au niveau des informations distillées et de l’importance qui leur est donnée.

C’est au crayon et à l’aquarelle que les planches de Minik ont été réalisées. Les vignettes sont sans rebords marqués et les planches sont souvent passées au filtre d’une couleur prépondérante. Le choix des tons est réfléchi et on peut notamment apprécier ces bleus utilisés pour évoquer le froid mordant, les couleurs plus chaudes et plus douces des scènes d’intérieur ou quelques compositions originales plus ponctuelles telles cette vignette montrant les ours polaires du zoo à moitié dans l’eau et avec leurs corps ainsi divisés en deux teintes…

Minik est un titre qui plaira à ceux que l’aventure de Sakaeuunguaq (Monroe, Casterman) avait touchés et aux curieux de l’histoire de l’Homme en général. Un grand bravo aux auteurs !
 

Par Sylvestre, le 30 août 2008

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