Le mystère du va-et-vient

Avec ses 99.999% de taux de pollution, la Terre est devenue un véritable enfer dans lequel la voiture a pris toute sa place. En marge de cette agitation crasseuse, les deux frères Mini Vip et Super Vip, super héros reconnus issus d’une glorieuse lignée, mènent une existence qui se veut ponctuée par quelques petits déboires. Si le premier, dont la femme attend un bébé, n’est pas gâté en termes de pouvoirs, le second, plus balèze, a été délaissé par sa compagne et n’arrive pas à se consoler. Dans cette ambiance morose et pour bénéficier d’une puissance digne de ce nom, Mini Vip a conçu une boule sophistiquée qui pourrait lui permettre de devenir riche. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’ailleurs, très loin de leur planète, sur Sparky, la sinistre reine Fertilité a décidé, à partir d’un plan ancestral machiavélique, d’envahir la Terre en envoyant une énorme quantité d’œufs qu’elle a pondus, ceci afin d’échapper aux terribles inondations qui se préparent. Malheureusement, sa stratégie risque de tourner car deux de ses sbires ont, lors d’une mission sur la Terre, perdu un va-et-vient. Il va donc falloir le récupérer à tout prix et pour cela, elle envoie son héros, Sterminator, en mission. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que Mini Vip a récupéré l’ustensile.

Par phibes, le 25 juillet 2018

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Notre avis sur Le mystère du va-et-vient

Sous le label Métamorphose, l’éditeur Soleil met à l’honneur le travail issu d’une idée originale du producteur/réalisateur italien Bruno Bozzetto, scénariste à ses heures qui vient pour la première fois faire ses preuves dans le paysage de la bande dessinée française. Pour ce faire, il s’associe à Grégory Panaccione, dessinateur également d’origine transalpine qui se construit une réelle réputation depuis son intervention dans les récits tels que Âmes perdues, Un océan d’amour… et dont le talent se veut confirmé grâce à sa dernière saga Chronosquad.

Il ne fait aucun doute que les deux artistes ont décidé de s’engager dans une histoire ô combien volumineuse et totalement farfelue mettant en scène des superhéros de rouge vêtus fortement sympathiques au demeurant. Face à ces derniers, l’on retrouve évidemment un adversaire particulièrement méchant, la reine Fertilité, véritable pondeuse qui a pour dessein de sauver sa progéniture d’une noyade assurée en l’envoyant sur Terre.

Sous le couvert de la récupération d’un ustensile très pratique pour voyager, on plonge dans un délire aventureux qui certes n’est pas sans noircir à outrance le tableau planétaire (la Terre est un véritable monde puant écologiquement décadant). Face à cette déliquescence ambiante, l’équipée se veut complètement loufoque, se nourrissant au passage, parodiquement parlant, des univers cinématographiques tels que Terminator, Alien, King Kong.

Aussi, la famille Vip nous amuse sans compter, aidée en cela par des extraterrestres qui ont décidé de se décliner dans leur crétinerie absolue. Entre des superhéros sans pouvoir et déprimés, et des envahisseurs complètement déjantés, l’on concèdera que la tonalité est aux antipodes du raisonnable et lorgne volontairement sur une loufoquerie extrême qui devrait rassasier les chasseurs d’histoires hors norme, en phase avec la collection de chez Soleil.

Comme à son habitude, Grégory Panaccione se meut avec une réelle aisance dans cet univers pictural coloré peu éloigné du cartoon. A l’appui d’un style qu’il entretient avec brio et d’un découpage efficace, l’artiste trouve l’occasion, sans se prendre au sérieux, de faire éclater son talent dans une dérision subtile et fortement agréable. Force est de constater que le travail qu’il fournit est adroit, dans les décors dont certains se révèlent particulièrement léchés et également dans l’animation extrême de ses personnages foldingos.

Une aventure de superhéros indubitablement distrayante qui, malgré la nocivité ambiante, vous apporte une sacrée bouffée d’oxygène.

Par Phibes, le 25 juillet 2018

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