MILLENIUM
Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, première partie

Mikael Blomkvist est un journaliste d’investigation très réputé en Suède, il vient de réaliser pour le journal qu’il dirige en partie, Millénium, un dossier assez lourd, mais l’affaire se retourne contre lui, il est condamné à une lourde amende, ainsi qu’à trois mois de prison. Obligé de s’écarter un temps de la rédaction, il démissionne et est engagé, dans la foulée, pour démêler une vieille enquête sur l’héritière Vanger, disparue 44 ans plus tôt.
Le journaliste accepte contre des informations sur les cartels suédois qu’il a dénoncé récemment.
Mais l’enquête sur Harriet Vanger s’avère plus difficile que prévu, très peu de pistes, d’autant que la famille Vanger ne comprend pas forcément la présence de Mikael sur l’île familiale…
En parallèle on rencontre Lisbeth Salander, une jeune enquêtrice, sous tutelle. C’est elle qui a constitué le dossier sur Mikael pour le compte de Henrik Vanger…

Par fredgri, le 25 mars 2013

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Notre avis sur MILLENIUM #1 – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, première partie

Décidément Millenium n’a pas fini de faire couler de l’encre. Avec cette nouvelle adaptation chez Dupuis, la trilogie de Stieg Larsson revêt un nouveau visage. On a eu droit à trois film suédois qui ont ensuite donné lieu à une mini série, puis il y a eu un film par Fincher, une adaptation en comics chez Vertigo et maintenant 6 albums de prévus en France !

Il y a plusieurs aspects à voir, en commençant cette lecture. Le côté purement "adaptation", avec la fidélité aux textes, les suppressions inévitables et les libertés prises. Et il y a les qualités propres à l’album, le travail des auteurs, la narration.

Les romans sont vite devenus un véritable phénomène littéraire, se vendant comme des petits pains, ils n’ont pas traîné pour être rachetés. Il faut dire que Larsson est décédé à l’issu de la trilogie, laissant à la fois une oeuvre riche derrière lui, mais surtout beaucoup d’espoir dans une écriture qui promettait une oeuvre à venir passionnante ! Les héritiers ayant repris l’affaire, le tout est rapidement devenu une affaire de gros sous, dommage !

L’histoire du premier livre nous entraîne donc en pleine enquête, matinée d’un regard sur la Suède moderne, sur le monde des affaires, le poid des média et ses traditions.
C’est très prenant, les personnages sont particulièrement intéressants, avec une excellente caractérisation. Très vite, par exemple, la jeune Lisbeth Salander va marquer les esprits, de par son caractère très fort, son côté brut de décoffrage et ce qu’elle dégage ! Mikael, lui, répond davantage au schéma classique du journaliste intègre, passionné. Dès le début se dessinent donc deux lignes aux antipodes l’une de l’autre.
Dans le premier album ils ne se sont donc pas encore croisés. Le scénario de Sylvain Runberg prend le temps, à la fois, d’installer l’intrigue, tout en mettant en avant le parcours des deux protagonistes principaux. On sent bien que les pistes vont se croiser, mais pour l’instant l’accent est mis sur leur développement propre, en tant que "héros", chacun de leur côté.

Lisbeth est intéressante car elle donne tout son sens au titre de ce premier volet. Elle cache une véritable violence qui prend sa source dans son rapport aux hommes, dans ce qu’on lui fait subir et dans l’apparente docilité qu’on lui demande d’afficher. C’est cette fragilité qui va la rendre passionnante à suivre. Et, tout comme dans les romans, le scénario est d’une grande finesse, assez complexe, dès qu’il s’agit de la mettre en scène !

Évidemment, Runberg fait des coupes, il se débarrasse de beaucoup de choses tout en forçant sur les diverses caractérisations. Je trouve qu’il a juste tendance à trop caricaturer certains personnages, comme Isabella qui perd la retenue qu’elle a à l’origine dans les romans, devenant ici une petite vieille injurieuse sans intérêt. De plus, le scénariste intègre un élément qui n’apparaissait pas dans les livres, des flash-back ou, sans voir son visage, on voit le meurtrier perpétuer ses atrocités. Même si cela demeure une idée intéressante, je trouve que ça rompt l’effet de mystère que sous tend l’enquête de Mikael. Tout au long du livre on est comme le héros, on se demande s’il s’agit vraiment de meurtre, et progressivement on découvre les indices, là dans la BD, Runberg y va assez frontalement. Je comprend que ça l’aide dans ses ellipses, dans ses raccourcis vis à vis de l’adaptation, et ça permettra, dans le deuxième volume, d’amener les choses moins violemment, je trouve juste ce choix un peu malheureux.
D’un autre côté, dans la logique de l’album cela fonctionne très bien. La narration est très fluide, on n’a jamais réellement le sentiment de louper des éléments, tout est très bien amené, très naturellement.

De plus, José Homs fournit ici un travail exceptionnel, avec un storytelling aux petits oignons et un sens de l’expressivité hallucinant. C’est simple, on est à la fois pris dans l’histoire et dans la beauté des cases. Il a su s’abstraire des autres adaptations tout en sachant malgré tout y puiser ce qu’il fallait (d’ailleurs dès la troisième page on croise un portrait de Noomi Rapace, l’excellente interprète de Lisbeth dans les films suédois). Son encrage est extrêmement fin et sa mise en couleur est sublime. Lisbeth est fascinante et Mikael dégage une vraie force de caractère. Pari réussi !

Les romans seront adaptés au rythme de deux albums à chaque fois, on attend donc la suite du premier diptyque !

En tout cas il s’agit ici d’un très bon travail de réappropriation ou deux auteurs très inspirés nous entraînent dans les traces d’une histoire passionnante.
Une très bonne lecture haurtement recommandée !

Par FredGri, le 25 mars 2013

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