Migrant

 
Sa soeur Sisi était déjà partie depuis longtemps, la tête pleine de rêves d’Europe, mais elle n’avait plus jamais donné de nouvelles alors les racontars allaient bon train, au village : Sisi devait être morte, ou bien elle était tombée dans la prostitution… Alors, quand le jeune Ebo a appris que son frère Kwamé était parti à son tour, sans le prévenir, ce fut pour lui insupportable ! Il prit immédiatement la route pour Agadès où, par chance, il le retrouva. C’est alors qu’ils décidèrent de tenter le grand voyage ensemble… Un voyage commandant de traverser deux dangereux espaces : le Sahara, puis la mer Méditerranée.
 

Par sylvestre, le 30 novembre 2017

Notre avis sur Migrant

 
C’est en alternant passé et présent qu’Eoin Colfer et Andrew Donkin ont construit le scénario de cette bande dessinée intitulée Migrant. Parfois, avec ce type de structure de récit, on a droit à des ambiances bien différentes qu’on soit dans une partie ou dans l’autre. Dans cette BD, au contraire, on voit dans les deux cas le jeune héros Ebo confronté aux infernales épreuves que lui impose son voyage.

Migrant raconte en effet le terrible voyage d’un jeune Ghanéen qui part pour l’Europe par les voies clandestines. Déchirement de l’exil, peur de l’inconnu, dangers de la route, mauvais traitements infligés par les passeurs… On sait bien désormais combien ces voyages sont inhumains et meurtriers. On l’a déjà vu par exemple dans Etenesh, une bande dessinée parue aux éditions Des ronds dans l’O. On le voit aussi dans les actualités, par exemple avec cette sordide affaire d’esclavage, en Libye, qui a récemment choqué le monde entier.

Dans la partie "au présent" de Migrant, il est question de la traversée de la Méditerranée. Dans la partie "au passé", c’est de la traversée du Sahara qu’il s’agit. Ces deux univers sont bien différents mais ont en commun d’être deux cimetières pour les plus malchanceux de ces candidats à une vie meilleure. Ils permettent en tout cas de mesurer les talents de l’artiste italien Giovanni Rigano (Daffodil) qui, par son trait et ses couleurs, met en images de manière lumineuse une épopée qui elle est pourtant extrêmement grave et sombre.

L’histoire qui nous est racontée, celle d’Ebo et de son frère, est une fiction. Son scénario s’est cependant nourri de situations qui ont existé et qui malheureusement existent encore. Quand de grands drames humains (exodes, boat-people…) se jouaient loin de chez nous il y a quelques dizaines d’années, on ne s’en souciait pas assez. De nos jours, ils ont lieu à nos portes. Ces migrants qui déferlent en Europe nous posent question et on voit en eux des problèmes avant de voir des humains. Des bandes dessinées comme Migrant nous rappellent que ces pauvres gens qui se lancent dans de tels voyages ne le font pas pour le plaisir ou pour nous embêter, mais bien pour sauver leur peau et accéder à une vie meilleure.

Une histoire d’espoir, de joies et de peines. Une bande dessinée à découvrir aux éditions Hachette.
 

Par Sylvestre, le 30 novembre 2017

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