Les Miettes

Un baron flanqué d’un comte branque et d’un patchwork de jumeaux, tente de détourner un train en direction de Vaduz, histoire d’oeuvrer fissa pour le renouveau du grand Lichtenstein à coups d’alchimistes. Hélas, ce plan d’une rigueur académique tourne au rotoyon lorsqu’un flûtiste fumé au pastis envoie zinguer le convoi un peu trop à l’ouest. Quelques guerrilleros San-Marinais seront déconfits en passant par une troupe délite achalandée façon fanfare municipale. (Résumé éditeur)

Par melville, le 7 juin 2014

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Les Miettes

Frederik Peeters est un auteur de bande dessinée aujourd’hui reconnu qui a séduit non seulement le public bédéphile mais aussi (et peut-être surtout) un lectorat plus vaste non connaisseur de BD. Cette notoriété (y compris médiatique) a tendance à effacer, au nom d’une politique des auteurs, le nom de ses collaborateurs scénaristes : Pierre Wazem (Koma, Les Humanoïdes Associés), Pierre Dragon (RG, Gallimard), Pierre Oscar Lévy (Château de sable, Atrabile) et Ibn Al Rabin pour Les Miettes (Drosophile en 2001, puis Atrabile pour la présente édition). Si le trait de Peeters est identifiable, son approche du dessin change d’un album à l’autre et tout en se lovant au cœur de l’esprit du scénario le pousse de l’intérieur et lui donne ainsi de la force. Le dessin de Peeters est narratif, il conte des éléments de l’histoire à lui seul, si bien que par moment il a tendance à phagocyter le scénario. A ce propos il est d’ailleurs intéressant de constater que Peeters n’est jamais aussi bon que quand il est seulement au dessin. Quand il est scénariste et dessinateur, c’est comme si une partie de la puissance évocatrice de son dessin se diluait dans les dialogues.

Construis sur une part d’absurde où les caractères des personnages sont grossis sous la loupe du huis clos, Château de sable et Les Miettes diffèrent notamment par leur ton et donc par l’approche du dessin choisie par Peeters. Précis dans Château de sable, Peeters opte pour un trait plus ample et moins structuré pour Les Miettes et offre ainsi un écrin de choix aux dialogues burlesques et souvent très drôles de Ibn Al Rabin. Tel un « Audiard suisse » pour reprendre les mots du scénariste, l’écriture de Al Rabin cherche constamment le bon mot percutant au risque d’une surenchère étouffante dans laquelle il ne verse cependant pas. L’overdose est sans cesse désamorcée par le dessin de Peeters qui quoi qu’on en dise est bel et bien un Auteur.

Par melville, le 7 juin 2014

Publicité