MEUTES
Lune rouge

Otis Keller est une jeune fille ordinaire, elle suit ses cours au lycée, est amoureuse d’un jeune garçon et vit dans une famille de la bonne bourgeoisie avec son frère plus jeune.
Mais, sous des apparences très classiques se dissimule une réalité beaucoup plus sauvage. Par le père, la famille Keller fait partie d’une confrérie très hiérarchisée avec à sa tête un grand maître, Oblast, qui domine et régente la vie de ses initiés.

Par olivier, le 27 septembre 2015

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Notre avis sur MEUTES #1 – Lune rouge

Alors que le père semble mêlé à une sordide histoire de meurtre, les repas de famille sont l’occasion pour les Keller d’évoquer la grande fête du loup blanc qui approche. Cette cérémonie intronise les jeunes mâles des familles affiliées et leur accorde le passage dans le rang supérieur de cette société et leur ouvre le droit de participer aux chasses.
L’attente d’Oblast est grande, une prophétie prédit que la lignée des Keller doit apporter à la confrérie un Maître, tous les espoirs se portent sur Oscar, le jeune frère d’Otis et pourtant …

Un nouvel univers du grand Jean Dufaux où le fantastique introduit dans la douceur d’un banal automne parisien une explosion de violence et une complexe trame d’intrigues qui s’entremêlent.
Le scénariste nous fait ressentir très rapidement un décalage entre la normalité d’une vie familière et ce que l’on hésite encore, dans les premières planches, à qualifier de fantastique.
L’art subtil de l’écriture de Dufaux réside dans cette hésitation, cette ouverture vers des explications plus terre à terre, un garagiste trop gourmand qui découvre du sang dans le coffre d’une voiture et qui cherche à en faire chanter le propriétaire, est-ce un meurtre crapuleux, l’acte d’un chef de grande famille liée au crime organisé ?
Loin de la banalité d’un règlement de comptes, lentement, par touches subtiles, Jean Dufaux introduit une explication bien plus terrible et effroyable, comme le chantait si bien Serge Regiani, Les loups ont envahi Paris …
En appuyant son récit sur les personnages à qui il apporte cette profondeur réelle qui seule donne au récit un ancrage dans la réalité, il offre au fantastique une assise solide.

Quelques séries télé ont fait leurs choux gras des récits de Vampires, créatures que l’imaginaire a rendues beaucoup plus sexy que les lycanthropes, mais peu de choses sur les loups garous qui n’interviennent souvent que comme faire valoir des vampires, la brutalité bestiale opposée à l’érotisme raffiné.
Avec Meutes, Jean Dufaux et O.G. Boiscommun nous ouvrent les portes d’une société dissimulée sous des abords ordinaires, des familles menées d’une main de fer, où l’initiation et la hiérarchie régulent les rapports des membres.

Un récit puissant, porté par le dessin d’Olivier Boiscommun dont le trait fluide et délicat, adoucit encore par une mise en couleur directe à l’aquarelle, s’adapte avec élégance aux développements d’une histoire aux multiples facettes.
Le découpage très cinématographique, aux plans très soignés laisse le lecteur basculer dans le fantastique tout en lui maintenant un pied dans le réel.

On se laisse emporter, ravis, par ce récit dont le second tome prévu pour janvier 2016 laisse présager de multiples bouleversements qui chahuteront les certitudes des lecteurs.

Par Olivier, le 27 septembre 2015

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