MÉTAL HURLANT (NOUVELLE SÉRIE)
Métavers; les émotions synthétiques

"Connaissez-vous la théorie de Nick Bostrom, selon laquelle nous vivrions dans une simulation informatique ? Comment savoir si notre réalité est bien LA réalité ? Les auteurs conviés pour ce numéro confronteront leurs visions de l’amour, la mort ou encore, de la justice. Des interviews, des articles et des billets scientifiques consacrés – entre autres – aux progrès de la science grâce au virtuel, ou encore au métavers, viendront compléter ces récits. Vous l’aurez compris : ce nouveau numéro, composé d’histoires 100 % inédites, fera bouger les frontières, car du réel au virtuel, il n’y a qu’un pas !"
Présentation éditeur

Par fredgri, le 18 décembre 2022

Notre avis sur MÉTAL HURLANT (NOUVELLE SÉRIE) #5 – Métavers; les émotions synthétiques

On connait la formule désormais familière de cette nouvelle version de Métal Hurlant, une alternance antre des numéros composés de vieilles histoires de la première et plus prestigieuse période du célèbre mag, et des numéros composés uniquement d’histoires inédites tournant autour d’un thème.
Ainsi, il nous est proposé des récits parlant globalement du Métavers. Pour faire simple, le Métavers c’est tout ce qui concerne les univers virtuels, qu’il s’agisse des jeux, des simulations, des espaces ou se retrouvent des avatars etc. Véritables excroissances du réel, ces Métavers nous font encore fantasmer, même si l’on en est qu’à leurs balbutiements, ils semblent néanmoins dessiner le futur de notre monde qui s’enlise dans une réalité pas toujours rassurante.

Pour accompagner les récits dessinés, nous avons cinq articles (sur John Underkoffler, sur les Intelligences Artificielle, un discours sur la nature de la réalité, Agression sexuelle dans le Métavers et un article sur Midjourney, une AI qui a permit à Otto Maddox de modéliser les "tableaux" qui illustrent les introductions à chaque histoire), une nouvelle de Ken Grobe et une interview de Jérémy Perrodeau, l’auteur de "le long des ruines" et "Crépuscule".

Une nouvelle fois, Métal Hurlant nous propose un numéro très dense, qui explore une thématique complexe, mais riche aussi en pistes narratives. De plus, comme il est maintenant convenu, ces volumes anthologiques présentent des personnalités très variées, avec des styles qui nous accrochent tous de manière assez différente. Tandis que Matthew Sheean aborde frontalement l’usage des espaces virtuels ou se retrouvent des communautés autour de grandes discussions, des débats parfois clivant, ou encore Richard Guérineau qui met en scène un agent du Métavers dont la mission est justement de contrôler son bon fonctionnement, d’autres auteurs restent plus obscures dans leur approche, comme Nikola Pisarev ou Léo Quiévreux… D’où, parfois, le sentiment d’un volume très sérieux, très austère. Et même si le thème le veut, ça manque un peu de folie !
Néanmoins, il y a aussi le point mis en avant sur l’usage des Intelligences Artificielles, notamment dans le domaine de l’Art, comme le signale Otto Maddox. En ce moment, le débat est brulant, il met bien en avant que le rapport à la création est assez nébuleux aujourd’hui, la force d’un artiste, de son savoir-faire sont mis à rude épreuve devant la finalité, avec des IA qui se servent d’un ensemble d’œuvre pour n’en former qu’une, embryon faussement séduisant qui interroge sur notre regard sur justement l’exportation de ces Métavers artistiques…

Cette nouvelle formule de Métal continue de faire débat, par sa rupture avec la première version, par son envie de mettre en avant une bande dessinée actuelle, plus cérébrale, qui n’a bien évidemment plus rien à voir avec celle qu’elle était dans les années 70/80. Toutefois, il est important de bien se rendre compte que le médium à beaucoup changé, ainsi que le public. Peut-être que cette formule a encore besoin de plus de folie, de plus de personnalité plus "borderline", mais elle séduit par son ambition et les propositions très diverses qui s’y glissent.
J’ai hâte de lire la suite de cette grande aventure éditoriale, d’être surpris, éblouit, peut-être parfois dubitatif, mais toujours impatient de tourner la prochaine page !

Très conseillé.

Par FredGri, le 18 décembre 2022

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