Mes héros ont toujours été des junkies

Ellie vient d’être admise dans un établissement de soin spécialisé dans les cures de désintoxication pour drogués. Elle participe à des séances de groupe, écoute les autres et se rend progressivement compte qu’un de ses camarades de cure, Skip, en pince pour elle. Désabusée, repensant sans cesse à son propre parcours, à la mort de sa mère qui se droguait, à Jake qui l’a ensuite élevée, Ellie prépare doucement sa fuite avec Skip, tous les deux…

Par fredgri, le 13 mars 2019

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Notre avis sur Mes héros ont toujours été des junkies

Cette nouvelle histoire de Brubaker et Phillips se détache très nettement de leurs autres œuvres !
Tout d’abord, il n’est ici pas question d’une série ou mini-série, le récit est directement sorti sous la forme d’un Graphic Novel qui ne se rattache pas réellement à une de leur série, ou très lointainement (l’apparition très brève de Leo n’apporte rien de particulier). On peut donc très bien se lancer dans cette lecture sans pour autant avoir lu l’ensemble des Criminal !
Ensuite, il y a un vrai parti pris dans la mise en couleurs de Jacob Phillips (qui s’occupe aussi des couleurs de la nouvelle série Criminal qui vient de débuter chez Image) qui diffère de ce que faisait auparavant Elizabeth Breitweiser. Il utilise des teintes différentes, à la fois plus franches et plus saturées, en laissant habilement plus de place au blanc de la page, aux matières, à une approche plus nerveuse…

On retrouve ainsi le rythme de l’écriture de Brubaker qui nous offre à la fois un récit noir qui s’éloigne intelligemment des canons du polar, tout en respectant les codes constitutifs. C’est lent, on s’interroge, ou cela va nous mener, est-ce que les souvenirs d’Ellie qui s’égrainent tout au long de l’album ont un sens plus profond, plus concret, ou s’il ne s’agit après tout que d’une ambiance, d’une certaine façon de pousser la caractérisation d’un personnage ! Mais on se demande assez vite quelle est la véritable raison de sa présence, si cette jeune fille, qui pense que parler de la drogue donne envie de s’y adonner, n’a pas d’autres démons à combattre, une vie à reconstruire…

Assez étonnamment, on a aussi l’impression que ce volume constitue une sorte d’intervalle avant le retour de Criminal, une façon, pour Brubaker et Phillips, de reprendre leurs marques. Le récit n’est en soi pas édifiant, il ne révolutionne rien en ce qui concerne les polars ou l"approche des auteurs, mais il nous permet de retrouver deux artistes au sommet de leur art qui s’amuse à livrer un album qui synthétise presque tout leur univers, leur écriture et leur évolution, en plus soft, mais en plus ambigüe aussi !

Donc, avant que Criminal ne revienne en France, je vous invite à découvrir ce volume qui se lit d’une traite, avec beaucoup de plaisir !

Par FredGri, le 13 mars 2019

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