MERCY
La dame, le gel et le diable

En Alaska, à la fin du 19ème siècle, Lady Swanson se démène comme une folle contre une nuée d’ombres mystérieuses qui ont tué son mari Trévor et nombre de leurs compagnons. Dans un dernier effort, les quelques survivants fuient la mine non sans avoir au préalable fait sauter la galerie. Une fois la fumée dissipée, un homme élégant se rend sur les lieux et tout en refusant ce qui vient de se passer, s’adresse à une victime en sollicitant son aide. Bien des années plus tard, la population de Woodsburgh commémore l’explosion de la mine et les nombreux disparus. Lady Swanson et ses trois fils participent à la cérémonie mais se doivent de partir sous les quolibets de certains hommes. La jeune orpheline peau-rouge Rory a également participé à la célébration et, suite à sa rencontre avec Jonathan et sa sœur, rentre illico à l’atelier de son sinistre tuteur qui ne tarde pas à la houspiller violemment. Au cœur de la nuit, tandis que Lady Swanson se débat contre ses démons et que le couvre-feu a été instauré, un fiacre fait halte dans une rue de Woodsburgh. Il transporte la belle et mystérieuse lady Nolwenn Hellaine et son majordome qui vient séjourner quelques temps. Qui est-elle réellement, ange ou démon, et quelles sont ses véritables intentions ?

Par phibes, le 11 mars 2020

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Notre avis sur MERCY #1 – La dame, le gel et le diable

Les éditions Glénat mettent à l’honneur le travail d’une auteure italienne complète, Mirka Andolfo, ancienne élève de la Scuola di Comix à Naples et illustratrice de talent très versée, comme il se doit, dans le comics américain. Cette dernière voit donc apparaître son nom sur les étalages des libraires de France et de Navarre grâce à ce nouveau titre, Mercy, qui fleure bon le fantastique sanguinolent.

Ce premier épisode dresse le cadre géographique et historique (Alaska à la fin du 19ème pendant la ruée vers l’or) et donne déjà le ton de la saga. Dès les premières planches, l’horreur prend toute sa place et pose déjà quelques jalons (le combat contre les ombres et l’interaction d’une sorte de sorcier) qui attisent le questionnement. Grâce à cette entrée en matière purement terrifiante, l’on suppute que ce qui va suivre va être de la même teneur et apporter quelques bribes d’informations complémentaires.

A la faveur d’un découpage dynamique et d’un chapitrage qui semble être là pour reprendre notre souffle, le récit nous amène à découvrir peu à peu le sombre personnage central de la saga, Lady Hellaine, et le terrible mystère qui l’entoure. Il est suivi de près par un autre qui, lui, se veut aux antipodes de la belle lady, à savoir l’orpheline toute en innocence Rory. Ces deux protagonistes sont évidemment appelés à se croiser et ce, dans des circonstances ô combien impressionnantes, sous le couvert des agissements sanglants d’un tueur en série appelé le diable de Woodsburgh.

Il ne fait aucun doute que les péripéties qui se déroulent dans les quelques soixante pages de cet album, baignent dans un fantastique cauchemardesque on ne peut plus prégnant. On perçoit que l’artiste s’est emparé de l’univers de Bram Stoker et l’a conjugué à sa sauce dans des proportions sanguinolentes bourgeonnantes bien surprenantes.

La part graphique est d’une beauté remarquable. Mirka Andolfo assure un travail d’un esthétisme envoutant. Pour preuve, la beauté de sa Lady Hellaine qu’elle a su apprivoiser dans ses toilettes d’aristocrate et ses atours angéliques et sa profondeur d’âme maléfique. Il en va de même avec les autres personnages tels la jeune Rory, émouvante dans ses expressions juvéniles et ses propos à inspiration catholique, lady Swanson dans ses apparences contrastées… On perçoit de la douceur dans son trait qui, dans les moments les plus intenses, peut chavirer dans une évocation horrifique terrifiante et ce, grâce à une colorisation adaptée aux situations. On saluera aussi la modernité de ses planches, indubitablement d’inspiration comics, faisant apparaître une succession de vignettes habilement enchevêtrées associées à d’autres vignettes à sensations plus grandes.

Une ouverture vampirique qui donne déjà envie de voir la suite.

Par Phibes, le 11 mars 2020

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