Merci

A Bredenne, pour avoir tagué pour la énième fois la façade du domicile du sieur Le Parmentier et brulé sa poubelle, la jeune et indocile Merci Zylberajch a échoué au poste de police. Après avoir été entendue et relâchée, l’adolescente gothique est passée au Tribunal pour enfants, devant le juge Pirlot. A l’issue de leur entretien, elle se voit condamnée à assurer une peine de substitution, à savoir cent cinquante heures de travaux d’intérêts généraux au sein du conseil municipal de sa Commune. Là, face aux élus, elle est appelée à défendre un projet durable qu’elle va devoir élaborer et mettre en œuvre en faveur de tous les administrés de Bredenne. Est-ce que Merci saura assumer cette lourde tâche ? D’ailleurs, en a-t-elle réellement envie ? Et si c’est le cas, que pourrait-elle bien proposer ?

Par phibes, le 10 novembre 2014

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Notre avis sur Merci

Les rendez-vous avec Zidrou (et ils sont nombreux en 2014 – La Mondaine, Tourne-disque, Rosko, Marina T2…) sont, pour la grande majorité, synonymes de dépaysement et également de plaisirs de lecture. Pour preuve, cette nouvelle histoire qui se passe à Bredenne (localité fictive de la Marne) et non pas Bredene en Belgique, et qui nous donne l’occasion de plonger dans une équipée contemporaine, portée par un jeune personnage un tantinet mutin et surtout plein de ressources, en l’occurrence la dénommée Merci.

Comme à son habitude dans ses écrits, le scénariste aime s’entourer d’individus profonds, particulièrement marquants, caractériellement puissants et, comme qui dirait, anticonformistes. Merci, jeune rebelle qui ne manque pas d’afficher dans des faits répréhensibles sa façon de pensée, en fait partie. Malgré tout, cette dernière est dotée d’une sensibilité (à découvrir dans son histoire) qui va, avantageusement à l’encontre de son personnage mutin. Et c’est là, la force de cet album qui, non seulement, nous interpelle sur la force de caractère bien spécifique de chaque protagoniste (et ils sont nombreux !) mais aussi dans la manière où leurs différents agissements s’articulent selon des circonvolutions habilement structurées et également insoupçonnées (en particulier l’adolescente qui prouve sa place dans l’univers des adultes).

Merci est donc une évocation divertissante, rafraîchissante à souhait, servie par des dialogues simples et ciselés (les réparties de la petite délinquante sont très matures, peut-être un peu trop pour être réellement crédibles mais qu’importe, c’est quand même appréciable !) avec une bienveillance qui fait mouche. S’appuyant inévitablement sur des faits modernes, que l’on appréhende sans violence, elle nous plonge dans une poésie ambiante communicative et constructive (grâce à Maurice Cheneval et à ce qu’il va générer) et aussi dans une émotion qui tend presque à vous tirer la larmiche.

Après s’être fait découvrir dans des sagas telles L’enfant maudit ou l’envolée sauvage, Arno Monin confirme son talent dans cet ouvrage. Œuvrant dans un univers semi-réaliste, le dessinateur se veut en totale osmose avec son scénariste en livrant un graphisme de qualité, tout en prévenance et en émotion. La galerie de personnages qu’il met en lumière est remarquablement expressive et apporte beaucoup de profondeur à leur nature.

Du très bon Zidrou et du non moins généreux Monin pour un récit touchant, plein de malice et de poésie, à déguster urgemment comme une grosse friandise.

Par Phibes, le 10 novembre 2014

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