Mémoire morte

Dans une cité aux limites infinies, des murs surgissent de nulle part et cloisonnent les quartiers et bientôt les gens perdent peu à peu la mémoire, ils oublient les mots. Les deux phénomènes seraient-ils liés ?… Un état d’urgence est décrété par L’Administration et un moyen fonctionnaire de l’administration cadastrale, Firmin Houffe est chargé de trouver une solution au problème.

Par melville, le 16 août 2010

Notre avis sur Mémoire morte

Chacun des albums de Marc-Antoine Mathieu est un questionnement philosophique. Mémoire morte s’interroge sur la place du langage dans l’acquisition de la conscience et une fois de plus on ne peut que tomber des nues devant la prouesse technique et scénaristique de cet auteur de géni.

Marc-Antoine Mathieu est un auteur qui a un univers bien à lui, qui possède une façon de raconter les choses qui lui est propre et que l’on retrouve dans tous ces albums. Le monde de Mémoire morte est assez proche de celui de sa série Julius Corentin Acquefacques prisonnier des rêves. Le personnage principal, Firmin Houffe (ressemblant pour beaucoup à Julius C. Acquefacques), évolue dans un monde où la Cité occupe toute la place disponible, où tout y est entièrement construit et où la surpopulation occasionnant d’interminables embouteillages est de mise. Comme Julius, Firmin est fonctionnaire d’Etat, et comme Julius, Firmin est pour nous lecteurs le personnage clé de l’énigme, car chez Mathieu il y a toujours une énigme et c’est justement par elle que l’auteur distille sa réflexion philosophique.
Dans une société où les procédés administratifs sont interminables, où l’information en temps réel inonde les rues et où paradoxalement chacun s’en remet à une petite boîte noire reliée à une unité centrale appelée la ROM, la véritable communication à-t-elle encore un sens ? Et dès lors à quoi sert le langage ?…

Le récit de Marc-Antoine Mathieu est teinté de surréalisme, de burlesque et contraste avec la géométrie « stricte » de son dessin. Une atmosphère singulière se dégage de cette subtile confrontation, ses personnages sont comme embarqués dans une routine perpétuelle et soudain la machine s’emballe, la mécanique déraille mais le récit reste toujours posé. C’est saisissant et fascinant.

Récit à la symbolique forte, remarquablement mis en scène autant du point de vue du scénario que du dessin, Mémoire morte est une fois de plus une très belle réussite de Marc-Antoine Mathieu fortement conseillé à tous ceux qui on envie de découvrir un autre aspect de la bande dessinée.

Par melville, le 16 août 2010

Publicité