MEMOIRE D'ABRAHAM (LA)
Arsinoe est morte

Marec Alter est toujours à la poursuite de l’histoire de sa famille, avec un récit qui se confond avec l’histoire du peuple juif et beaucoup plus généralement celle de l’humanité.
Les scribes de la famille d’Abraham, ses enfants, et les enfants de ses enfants poursuivent à travers les générations leur devoir de mémoire, témoigner des malheurs et des bonheurs de leur temps.
Le vaste empire romain est secoué par de nombreux problèmes politiques et religieux, les révoltes sont réprimées dans le sang. L’Empereur Hadrien, pour maintenir l’ordre n’hésite pas à raser des villes entières et à en massacrer les populations juives. C’est dans cet état de tensions où les hommes sont bousculés et parfois broyés par l’histoire que Marek Halter, si bien adapté par Jean David Morvan, nous entraine, avec des rires et des larmes, de l’amour et des massacres, de la tolérance et de la haine aveugle à la suite de ceux qui subissent ou qui oppriment.

Par olivier, le 23 avril 2011

Notre avis sur MEMOIRE D’ABRAHAM (LA) #2 – Arsinoe est morte

C’est un art difficile que d’adapter un roman fleuve sans le dénaturer où lui faire perdre de sa substance. Jean David Morvan avec Frédérique Voulyzé et Yann Le Gal y parviennent avec brio, choisissant de focaliser le récit sur quelques éléments historiques très précis, malheureusement souvent dramatiques mais révélateurs d’un esprit, d’une âme.
Quelques années se sont donc écoulées depuis que la résistance juive à l’oppression a été écrasée par le glaive des légions romaines. Exilé à Rome, Absalon, fils de Gamliel, fils d’Abraham entreprend de conter à ses fils l’histoire de leur famille afin que ceux-ci n’oublient pas et puissent à leur tour transmettre la mémoire de leurs joies, de leurs peines, leurs souvenirs qui se confondent avec les annales de tout un peuple.
Alors que le christianisme s’organise, qu’il se répand parmi la population et qu’il touche aussi la famille d’Absalom dont la fille Arsinoé se converti, le plongeant dans la douleur, un nouveau héro juif se dresse contre l’empire, Bar Khokhba qui en trois ans de guerre et de victoires rétablit un état juif avant de connaitre une fin tragique avec tous ceux qui s’étaient ralliés à lui.
Au milieu des pogroms, de la haine et de la stupidité, l’histoire du peuple juif se poursuit, faite de douleurs, de peine et de sang versé.
Sur les rouleaux de papyrus, la saga de la famille s’égrène, avec ses mariages, ses naissances, un arbre généalogique qui donne le vertige et qui nous fait sauter en quelques cases plusieurs générations.

Racontée en voix off par Marek Halter, c’est un grand souffle historique et héroïque, mais de cet héroïsme des humbles malmenés par la folie meurtrière des hommes qui, au nom d’un dieu où d’un tyran, commettent les pires atrocités.

Le dessin de Xavier Besse et de Steven Dupré, pour les pages mettant en scène Marek Halter, soutiennent agréablement le texte, sans trop en faire, pour laisser le verbe s’épanouir, le témoignage de toutes ces vies sous la plume de l’écrivain et du scénariste simplement exister.
L’existence de cette lignée de scribes qui traverse les siècles tient en une petite phrase : Survivre, survivre à tout prix et témoigner.

Signalons enfin la couverture inspirée signée de Grzegorz Rosinski

Par Olivier, le 23 avril 2011

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