Membrane

Momo est une jeune esthéticienne qui s’est progressivement fait une très solide réputation, grâce à ses techniques innovantes et surtout grâce à cette fine membrane qu’elle est semble-t il la seule à maîtriser, la M-Skin ! Cependant, Momo reste solitaire, elle vit dans une ville sous-marine d’un monde futuriste qui a fuit les dérives anti-écologistes des grandes puissances.
Elle n’a plus revu sa mère depuis 20 ans, après une étrange opération qui l’a définitivement transformée !
Mais quand sa mère ressurgit, pour son trentième anniversaire, Momo fait le point sur sa vie jusque là, elle s’interroge sur elle même, sa fonction dans ce monde, et ses propres souvenirs…

Par fredgri, le 16 mars 2017

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Notre avis sur Membrane

A la base, "membrane" est une "longue nouvelle" d’environ 200 pages, parue en 1996 à Taïwan ! Chi Ta-Wei nous présente un futur ou la population humaine s’est réfugiée dans des cités sou-marines afin de se protéger contre les effets du soleil, qui se sont amplifiés depuis les trous dans la couche d’ozone. Mais dans ces nouvelles cités, les humains vivent heureux, même s’ils ne peuvent définitivement plus profiter des bienfaits de la surface !

Cette société a vu son rapport à la technologie s’étendre, on a entamé la construction d’androïdes qui sont destinés à fournir les "pièces de rechange" à leur maître quand leur corps commence à flancher. Les greffes se font donc assez couramment et l’image devient la nouvelle obsession ! Ce qui rend le métier d’esthéticienne particulièrement convoité. C’est pourquoi la jeune héroïne, Momo, est vite devenue une star dans le milieu, surtout grâce à ses techniques très sensuelles et innovantes.

Toutefois, Momo a aussi une autre particularité ! Enfant, alors qu’elle était jusque là un petit garçon, elle a contracté un virus fulgurant qui a vu son corps se dégrader rapidement, obligeant sa mère à la faire opérer en éliminant les parties du corps contaminées pour les remplacer par des parties mécaniques. Devenue une jeune fille, très marquée par cette opération, Momo a décidé de s’éloigner de ce cocon familial dérangeant, en prenant son destin en main, commençant ainsi ses études et devenant ensuite indépendante.

La transformation et la recherche de son identité sont alors au centre du récit.
La jeune femme évolue dans un univers ou tous ceux qu’elle côtoie son étrangement homosexuels, qu’il s’agisse de sa propre mère, de ce voisin jardinier, de ses camarades de classe ou encore de ses clientes. Mais elle n’éprouve aucun réel sentiment, ce qui la coupe lentement de ces passions qui peuvent s’animer autour d’elle.

Néanmoins, bien que l’auteur revendique très clairement une appartenance à la culture LGBT ("Membrane" étant connu comme le premier véritable texte SF "Queer" Taïwanais), que le thème est très présent, il ne s’agit pas ici d’un long plaidoyer gay, loin de là. On est vraiment dans une interrogation postmoderne sur l’identité, sur le rôle dans la société de Momo. Et la toute dernière partie, incroyable plongée pleine d’émotion dans les secrets de la jeune femme, vient appuyer sur ces remises en question d’une très grande finesse !
De plus, il ne faut pas oublier le caractère résolument SF de ce livre, ce regard sur le monde qui nous entoure, sur les dérives de notre société qui se fie à la technologie, quitte à s’effacer petit à petit !

L’écriture est très habile, l’auteur joue avec une succession de petits paragraphes, il alterne le passé et le présent, tout en glissant pas mal de références culturelles à l’Europe (pas toujours pertinentes, c’est vrai, ça fait un peu "étalage", d’autant que la plupart du temps ça n’apporte pas toujours grand choses de plus ! Mais c’est intéressant de se laisser porter par ces ambiances !)

Une très intéressante découverte, qui se lit, d’ailleurs, assez vite, agrémentée par une préface et une postface vraiment éclairantes !

Très conseillé !

Par FredGri, le 16 mars 2017

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