Meilleurs voeux de Mostar

 
Près de vingt ans après avoir quitté cette ville de Bosnie-Herzégovine où il a passé plusieurs années de son enfance bien qu’il soit Croate né à Zagreb, Frano est retourné à Mostar.

Il y a retrouvé les lieux dans lesquels il s’est forgé d’excellents souvenirs aux côtés de son ami serbe Goran et de sa copine bosniaque Amra. Il en a retrouvé d’autres synonymes de moins bons souvenirs, aussi, comme cette crainte qu’il avait d’une bande de caïds musulmans chercheurs de noises ou l’irruption de la guerre qui s’est un jour abattue sur la ville, divisant ses communautés qui jusque là pourtant cohabitaient en paix.
 

Par sylvestre, le 19 septembre 2012

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Notre avis sur Meilleurs voeux de Mostar

 
Meilleurs vœux de Mostar. Ce titre sonne comme les quelques mots qu’aurait pu écrire l’auteur sur une carte postale envoyée de là-bas. Or, plus que quelques mots, c’est une histoire entière que nous, destinataires, recevons ! Dans cette bande dessinée, Frano Petruša revient sur l’enfance qu’il a passée dans cette ville, mettant inévitablement à l’honneur ce symbole de la ville qu’est le pont de Mostar, mais évoquant aussi et surtout les relations qu’il a construites là-bas avec des enfants de différentes origines ou confessions ; le genre de différences auxquelles les gamins ne font pas attention mais qui ont conduit les adultes à se livrer une terrible guerre fratricide à la fin du vingtième siècle.

Ce récit autobiographique de Frano Petruša est très touchant. Comme on sait ce qu’il est arrivé en ex-Yougoslavie lors des deux guerres qui l’ont morcelée, on lit cette bande dessinée en savourant cette chronique adolescente pleine de rêves mais en redoutant aussi l’arrivée des planches sur lesquelles la guerre va venir bouleverser la vie de nos jeunes héros d’autant plus qu’on ne sait pas, alors, dans quelle mesure elle va les concerner.

Le dessin du Croate Petruša est intéressant en son genre, nombreuses de ses vignettes ressemblant à des peintures modernes sur lesquelles quelques traits auraient ensuite été superposés. Cette technique, tenant dans certains cas plus du croquis spontané en couleurs ou de l’aquarelle vite faite, transforme cependant parfois une case ou l’autre en une véritable petite œuvre d’art où les décors mieux détaillés qu’ailleurs invitent à une observation plus poussée.

Meilleurs vœux de Mostar est le deuxième titre de l’auteur dans la collection Long Courrier des éditions Dargaud après Guerre et match. C’est un titre qui confirme les talents que montre l’artiste sur le plan graphique mais aussi dans l’art de raconter son pays à travers sa propre histoire.

Emouvant, grave et beau sans s’empêcher d’être léger ou drôle quand il le faut. A découvrir, évidemment !
 

Par Sylvestre, le 19 septembre 2012

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