Le Mec du milieu

La collection Shampooing est particulièrement intéressante du fait de statut plutôt marginal par rapport au reste de la production des éditions Delcourt. Récits intimistes, autobiographiques, essais, petites histoires sans grandes prétentions mais très touchantes… Shampooing c’est un peu tout ça et Le Mec du Milieu de Sophie Awaad rentre parfaitement dans la catégorie.

On commence avec cette petite fille, véritable garçon manqué, admirative d’un personnage de série "qui a la classe", Edgar. Sous le prétexte que "les filles c’est nul", elle jouera uniquement avec les garçons. Puis vient les éléments déclencheurs, un premier rencard foiré, la puberté qui vient à changer son corps… La jeune adolescente aura alors des copines et regardera les garçons d’un autre œil pour finalement en tomber amoureuse. Jusqu’ici rien de bien insolite mais là où réside l’originalité de cette BD est dans la façon de raconter toutes ces choses. Se rapprochant très fortement de l’autobiographie, le récit prend une dimension bien particulière, et l’empathie fonctionne. Mais attention, on est bien loin d’un récit bourré de pathos où la limite entre l’émouvant et le lourdingue se confond maladroitement. Non, là, l’auteure a su habilement éviter le piège en ajoutant à sa recette une grosse pincée d’humour, principalement axée sur l’autodérision et réussissant à justement nous toucher. Et c’est bien là le plus important.

Le dessin, bien qu’assez simpliste de première apparence nous réserve plusieurs surprises lorsqu’on s’y attarde un petit peu avec notamment une expression des visages souvent très juste ainsi que l’utilisation astucieuse des bulles pour rajouter un détail cocasse…

Très juste, très drôle, très touchant, Le Mec du Milieu est une réussite. On se reconnait aisément dans ces histoires d’adolescence à l’eau de rose croupie (à moins d’avoir été un parfait dragueur) et cela nous rappellera que pour les souvenirs (bon ou mauvais) qui nous reviendront en mémoire, il vaut bien mieux en rire qu’en pleurer !

Par Placido, le 7 décembre 2010