MAUS
Integrale

Art , une petite souris new-yorkaise, rend visite à son père Vladek. Vladek est âgé et souffre de problèmes cardiaques. Cherchant à comprendre quelles sont ses racines, quelle est son histoire, et surtout pensant à la transmettre, Art demande à son père de lui conter son passé.
Nous voici donc transporté dans la Pologne des années 30. Et Vladek petite souris juive, de se souvenir : la rencontre avec la mère d’Art, la montée du nazisme, l’annexion de la Pologne, le ghetto, la clandestinité et enfin le summum de l’horreur, l’indicible : les camps.

Maus se décline en 2 volumes :
1/ Mon père saigne l’histoire
2/ Et c’est là que mes ennuis ont commencé.
Le premier couvre en gros toute la période ou la famille Spiegelman échappe aux camps . Le second débute à l’arrivé dans les camps de la mort.
Avec Vladek, le lecteur va franchir les terribles portes surmontée d’un ARBEIT MACHT FREI des Camps de la mort et découvrir comment on survit face à l’inhumain ….

Par Lucania, le 1 janvier 2001

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2 avis sur MAUS # – Integrale

Effectivement, Maus est un ouvrage remarquable, que ce soit sur le fond ou sur la forme…
Parlons d’abord du fond, qui est désormais mondialement connu, puisqu’il s’agit d’une histoire de l’holocauste, remarquablement bien traitée et bien rendue. Voir toute cette parcelle de l’histoire par les yeux de l’auteur et l’histoire de son père est plutôt inhabituelle dans le monde de la bande dessinée, surtout quand il s’agit d’un récit réel. On ne peut rester indifférent à cette lecture, car indéniablement, même si cela fait partie de notre histoire, cela peut nous sembler un peu étranger… Pour beaucoup d’entre nous cette partie de l’histoire ne nous est familière que par les livres d’histoire… Donc intéressant pour le récit et sa proximité dans l’écriture.
Maintenant la forme, un dessin et une histoire entièrement en noir et blanc, ce qui est assez marginal desormais dans le monde du 9ème art, ce que je regrette personnellement beaucoup. En effet, je trouve que le noir et blanc est vraiment sublime et très bien adapté à l’histoire, surtout pour Maus, qui retrace des événements très forts et très puissants. Cela fait ressortir le caractère des personnages, et permet au lecteur de se concentrer sur l’oeuvre et ce qu’elle raconte. Le texte et l’expressivité sont très importantes dans une BD en noir et blanc, et je dois dire que Spiegelman est très doué dans ce domaine. Remplacer les protagonistes par des animaux est aussi judicieux, et permet de se dissocier du récit, afin de ne pas être violenté par lui, enfin, c’est comme cela que je le ressent. Cela me permet de ne pas ressentir trop les émotions, car je n’ai pas de personnages sur qui mettre des visages connus. Mais bon, maus reste néanmoins une oeuvre très forte, avec ou sans cela.
A lire absolument. Incontournable.

Par Siam l'Archiviste, le 30 avril 2004

Parler de cette œuvre majeure relève de la gageure. Déjà parce qu’avec un prix Pulitzer obtenu en 1994 et un alph’Art de l ‘album étranger raflé au festival d’Angoulême 1993, cetouvrage s’inscrit comme un chef d’œuvre. Mais surtout parce qu’ici il ne s’agit pas d’une simple fiction, mais d’une quasi autobiographie de l’auteur, qui en quelques sortes, s’y met à nu .

Miroir de l’irréductible humain…

Cette BD est un miroir qui nous renvoie l’horreur du genre humain, sans complaisance en dépit de la simplicité du trait et des personnages animaliers. En prés de 10 ans ; elle a gagné le statut de « classique » . Entièrement en noir et blanc, elle rejette pourtant le manichéisme, comme pour exprimer, revendiquer que dans notre monde rien n’est simple. Et surtout pas les rapports père/fils. Et encore moins ceux de l’histoire et de la mémoire, du passé et du présent .
Maus est une œuvre pleine de fantômes, d’angoisses et de questions existentielles . Elle requiert une certaine maturité pour réellement s’apprécier .

Et des plaies béantes de l’holocauste…

Elle évoque l’impératif de se souvenir , de transmettre la mémoire juive . De faire survivre, une histoire, une culture qu’on a tenté d’éradiquer . Et de fait, pour donner un simple exemple, le Yiddish fut presque réduit à néant par la shoah .
L’œuvre de Spiegelman évoque aussi la culpabilité d’avoir survécu , le fardeau d’un héritage .
Au travers de cette bd, Spiegelman a accompli un travail de titan : travail sur lui même d’abord , travail de mémoire ensuite. Il a voulu faire œuvre utile, répondant à l’impératif « zakhor ! », souviens toi, en hébreux. On souffre avec ces petites souris, on rit, on pleure, et en refermant cette bd, on contemple les ultimes plaies béantes laissées par le désastre .
On ne sort pas indemne de cette, lecture. Pas intact. Et peut être que le dernier mot qui vient à l’esprit en rangeant sur son étagère cette œuvre c’est « shalom ». Paix. Cette BD poignante se passe de mains en mains, comme un témoin de mémoire . Relisons là, encore et encore.

Par Lucania, le 30 avril 2004

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