Maudit Allende

Le 11 septembre 1973, le Chili subit un coup d’état militaire sous les ordres du général Pinochet, commandant en chef des armées. Attaqués par les militaires, le président Salvador Allende et ses hommes finissent par abdiquer… Le président s’isole alors et se suicide. Dès lors le pays tombe sous la coupe de la junte qui va organiser très vite des rafles et tuer par milliers des sympathisants gauchistes sous le fallacieux prétexte qu’il s’agissait en fait de terroristes d’état !
La famille du narrateur fait partie de toutes celles qui ont décidé de fermer les yeux devant ces exactions en croyant toute la propagande qui vantait l’économie élitiste galopante, qui privatisait à tour de bras, qui servait surtout les intérêts des grosses entreprises étrangères ! Partis très tôt en Afrique du Sud pour travailler dans les mines de cuivre, cette famille s’est coupée progressivement de la réalité, entretenant malgré elle une idéologie erronée.
Un peu plus de vingt ans plus tard, le fils, le narrateur, se pose des questions, il découvre en voyageant, en rencontrant des européens que la réalité telle qu’on lui a montré, n’est peut-être pas aussi juste, ou en tout cas que le débat divise… Tranquillement, avec le recul nécessaire, il fait le point…

Par fredgri, le 13 novembre 2015

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2 avis sur Maudit Allende

Encore aujourd’hui, le règne de Pinochet marque les mémoires par sa violence que certains appellent assez justement une stratégie de choc comme il sera, plus ou moins en même temps, fait usage aussi en Argentine, en Uruguay et qui va amener lentement vers l’apogée d’un néo-libéralisme agressif tel qu’on l’a connu aux États Unis et plus près en Angleterre sous Tatcher, après la guerre des Malouines.

Alors qu’il met en pratique des réformes socialistes pour redynamiser l’économie de son pays en misant sur le peuple, sur des nationalisations qui permettraient de rééquilibrer les richesses, Salvadore Allende apparait rapidement comme un obstacle pour les Etats Unis qui souhaiteraient s’implanter plus durablement. En même temps, les théories économiques de l’école de Chicago commencent à se glisser au Chili grace à des jeunes économistes aux dents longues. On fait comprendre à Pinochet que seul un coup d’état pourrait permettre au pays de repartir sur des bases plus solides, qu’il faut faire table rase de cette engeance gauchiste. Allende a du mal à faire passer ses réformes, il est très critiqué (Nixon finance de très nombreuses opérations de propagande dans le pays) et ce 11 septembre, alors qu’il sent qu’un danger se prépare il voit l’armée entrer dans la ville et lui ordonner de remettre son mandat…

Aujourd’hui, Allende fait définitivement figure de martyr, la première victime marquante d’une dictature qui va s’employer à destituer le peuple de ses droits au profit des gros industriels et autres notables, donnant ainsi l’illusion d’une économie fleurissante alors que les corps des opposants s’amoncelaient dans les fossés ou dans les rivières après être passés par les camps de torture disséminés un peu partout !

Mais cet album, fascinant par le ton et les témoignages qui viennent l’alimenter par-ci par-là, n’est pas là non plus pour présenter un point de vue aussi tranché que le mien sur cette histoire. On découvre à la fois Allende, mais aussi Pinochet. Les auteurs ne s’étalent pas trop sur les arguments économiques, sur les exactions de Pinochet, on reste en surface, même si l’on devine la violence qui a régné à cette époque ! Toutefois, je trouve que ca aurait pu amener davantage de contextualisation, surtout sur un sujet aussi contesté, aussi extrême. Parce que c’est important de comprendre en quoi le programme d’Allende était important, en quoi il mettait réellement en péril ses opposants et les divers intérêts internationaux, qu’il ne s’agissait pas juste d’abattre une mouvance socialiste, que ce coup d’état était avant tout économique ! Ça aurait pu mériter un dossier plus explicite à la fin, sans pour autant tomber dans le partisianisme, afin de mieux comprendre les enjeux et les raisons qui ont provoqué ces évènements !

En attendant, au delà du sujet, c’est surtout l’occasion de redécouvrir l’incroyable talent de José Gonzalèz. On se laisse emporter dans ces atmosphères qui insistent sur les regards, qui reprennent des photos, qui installent une ambiance sombre et tendues… C’est tout simplement magnifique et presque hypnotique ! Du très très bon boulot.
On avait déjà vu quelques planches de cet album dans La Revue Dessinée 1 et c’est un vrai plaisir de découvrir la suite avec cet album que je vous conseille vivement !

Par FredGri, le 13 novembre 2015

L’album revient sur la période Salvador Allende au Chili et le coup d’état militaire du général Pinochet.
Nous suivons Leo, chilien de naissance, dont les parents sont partis en exil en Afrique du Sud, lors de l’arrivée au pouvoir d’Allende, président socialiste. Nous découvrons ainsi la complexité d’avoir un gouvernement socialiste dans un pays d’Amérique du Sud, à cette période.

Bras nous raconte la jeunesse d’Allende et celle de Pinochet, leur début dans la carrière politique pour l’un et militaire pour l’autre. Il s’attarde surtout sur les derniers jours de règne d’Allende et l’arrivée au pouvoir de Pinochet et des conséquences dramatiques que cela va avoir. Le récit est passionnant et instructif. Nous en apprenons beaucoup sur cette période. C’est si bien raconté que ça vous prend au tripes.

Le découpage est judicieux, les illustrations de Jorge Gonzalez accompagnent à merveille cette histoire. Son style est marquant, il ne laisse pas indifférent, c’est très vivant et réaliste. L’artiste nous donne l’impression d’être sur place ce 11 septembre 1973, à la Moneda, à Santiago de Chili. Il nous effraie avec cette vision sur le visage de Pinochet.

Un récit passionnant et prenant, qui montre avec brio la façon dont Allende arriva et quitta le pouvoir en 1973.

Par BERTHOLD, le 25 octobre 2023

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