MATTEO
Deuxième époque (1917-1918)

Porté déserteur depuis 2 ans, Mattéo est devenu militant anarchiste en Espagne. C’est parce c’est l’anniversaire de la mort de son père, qu’il a traversé les Pyrénées pour revoir sa mère à Collioure. Mais c’est aussi pour lui annoncer qu’il part pour la Russie, à Petrograd exactement, afin de participer à la révolution. Après avoir tenté d’entraîner en pure perte la belle Juliette dans son périple, Mattéo s’embarque avec Gervasio, l’ami de son père et doté d’un appareil photographique, se prépare à immortaliser son idéal de révolutionnaire. Recueillis sur place par Dimitri, le neveu à Gervasio, et par la militante radicale Lea, les deux expatriés sont mis à contribution pour la bonne cause. Mais dans cette ambiance de ferveur idéaliste qui ne lui pas fait oublier pour autant Juliette, la dure réalité des choses vient égratigner les convictions profondes de Mattéo.

Par phibes, le 3 novembre 2010

Publicité

2 avis sur MATTEO #2 – Deuxième époque (1917-1918)

Assurément, Jean-Pierre Gibrat a le don de nous faire adhérer à l’univers qui est le sien, à la fois sensible, poétique, historique et humaniste. Cet opus n’échappe pas à la règle et vient délocaliser les pérégrinations du sympathique Mattéo qui est appelé à traverser plusieurs époques tourmentées. En effet, ayant quitté d’une façon inattendue le front français, le voici par dépit amoureux et idéal politique engagé dans un autre conflit auprès des forces révolutionnaires russes.

Cette épopée est comme la précédente, à savoir un régal de lecture. Dans une linéarité bien soupesée, l’on assiste à la participation du jeune français aux soulèvements de Petrograd, sous la forme d’une vision à la fois délicate et dramatique. Transformé en témoin passif, le lecteur pénètre les milieux révolutionnaires et assiste via les tribulations de Mattéo et ses larges réflexions intimes, à l’organisation de ces derniers.

Le récit est toujours empreint de sensibilité, mêlant harmonieusement faits de guerre douloureux, romantisme éphémère et échanges idéologiques. Sans pour autant atteindre un degré de tension extrême, l’équipée de Mattéo reste égale à elle-même, d’un ton philosophique doucereux, sans réelle violence. On se laisse emporter par les incertitudes du personnage principal dont la destinée a réellement du mal à se stabiliser.

Il est certain que les effets graphiques de Jean-Pierre Gibrat sont d’une beauté éblouissante. Grâce à une colorisation directe exceptionnelle dont il est passé maître, ses personnages réalisés d’un trait délicat (surtout les femmes) qu’on lui connaît et qui se veut des plus réalistes dans les proportions, sont d’une apparence très convaincante. Les décors dont il ne plaint pas le détail reflètent parfaitement les ambiances historiques et sont un réel appel au voyage dans le temps.

Un deuxième tome superbement réalisé qui conforte haut la main la reconnaissance privilégiée du talent de cet auteur complet.

Par Phibes, le 3 novembre 2010

Matteo c’est l’histoire d’un jeune homme ordinaire un peu con, mais con de cette bêtise dont tout un chacun fait preuve au moins une dans sa vie. Engagé volontaire, puis déserteur de la Grande Guerre, le voilà à présent révolutionnaire anarchiste en Russie. Comment donner un sens à sa vie quand on ne s’est pas encore trouvé soi-même et que les éventements qui vous entourent vous dépassent un peu plus jours après jours… Jean-Pierre Gibrat excelle tant dans le maniement du verbe que du crayon et du pinceau. Superbement bien écrite, la narration est portée par un dessin mêlant un crayonné assez lâché à des couleurs et des jeux de lumières d’une très grandes finesses exécutées à la peinture. Superbe !

Matteo est indéniablement une grande bande dessinée et Jean-Pierre Gibrat un grand auteur.

Par melville, le 1 mars 2011

Publicité