L'histoire secrète

Bien avant qu’il y ai Marvel il y eu la Timely, créée par Martin Goodman en 1939.
Nous découvrons donc l’évolution de cette petite boite d’édition qui traverse les époques, la guerre, les tendances pour devenir, sous le giron de Stan Lee, Marvel au début des années 60, quand sort le fameux Fantastic Four 1. Mais Marvel c’est surtout un acteur majeur dans l’histoire des comics, là depuis les tout débuts, concurrent de DC, vivier d’une multitude de stars, mais aussi victime de politique éditoriales démiurgiques, de guerre d’égos, de prise en main par des départements de marketing, par des sociétés qui ont très vite vu le potentiel cinématographique d’un tel catalogue…

Par fredgri, le 18 février 2018

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Notre avis sur L’histoire secrète

Le livre est épais, la couverture, assez moche d’ailleurs, présente une série d’onomatopées qui évoquent la bande dessinée… On pourrait très bien passer à côté de lui sans forcément penser à l’ouvrir, d’autant qu’il n’y a absolument aucune image intérieure… Aucun charme ne se dégage de cet objet !
Toutefois, dès que l’on se lance, dès qu’on plonge dans cette histoire on est tout de suite happé par les multiples révélations qui s’y glissent…

Sean Howe décortique donc pour nous cette longue histoire de la Timely/Atlas/Marvel. Il nous présente Martin Goodman qui veut suivre les tendances, qui publie des pulps et qui décide un jour de lancer quelques personnages super-héroïques, vers 1939… Il y a des difficultés, il embauche le jeune neveu de sa femme, un certain Stanley Lieber qui va rapidement devenir un élément crucial de son entreprise… Puis il y a les années fastes, la guerre, la crise post comic code puis la création de Marvel et des nouveaux super-héros qui vont tout révolutionner. Les employés changent, on voit arriver des gens comme Roy Thomas, Steranko, Neal Adams, Gil Kane…
Mais ce qui est réellement passionnant c’est que Howe n’y va pas non plus par le dos de la cuillère, il nous parle des rumeurs, il cite des témoignages qui viennent appuyer sur certains comportements, on apprend ainsi que Stan Lee et son équipe étaient vraiment perçus comme des tordus au début et que tous pensaient ces comics de super héros n’allaient pas durer très longtemps…

Mais ce qui est marquant c’est le poids des égos dans cette évolution. Les éditeurs qui veulent garder leur titre, ceux qui produisent à la chaine en se droguant, le manque de structure d’ensemble dans les années 60/70 sous l’ère de Thomas et les autres et les artistes qui produisent pratiquement sans filet. Viennent ensuite les conflits légaux des uns et des autres qui souhaitent récupérer les droits sur leur créations, les changements de présidence à la tête de Marvel et les tensions sous le règne de Shooter, de DeFalco ou même de Bob Harras…

Cette histoire est complexe, avec beaucoup de petits éléments qui viennent sans cesse parasiter le travail des uns et des autres, et un aspect commercial qui prend de plus en plus le dessus, reléguant le contenu des comics Marvel au second plan.

Howe reste concentré sur l’aspect éditorial de ce parcours, analysant les situations, se penchant sur les réactions des uns et des autres à grand renfort de témoignages qui dépeignent un portrait beaucoup moins idyllique que ce qu’on avait l’habitude de voir jusque là au travers des divers livres consacrés à l’histoire de Marvel. Howe est un journaliste indépendant qui n’a donc pas d’intéressement chez Marvel, donc ça ne lui pose aucunement problème de critiquer Stan Lee, Thomas ou Shooter, tout en insistant tout de même sur les apports des uns et des autres, de leur empreinte sur Marvel.
Mais il n’est visiblement pas là pour flatter les égos, ce qui l’amène à tenir des propos assez durs sur les auteurs des années 70, sur les titres plus populaires ou même sur l’émergence à la fin des 80’s des jeunes loups comme McFarlane, Liefeld ou Lee.

Malgré tout, on sent bien qu’à partir de la fin des années 80 il s’intéresse nettement plus au rapport qu’entretient Marvel avec le cinéma et les services de marketing, à grand renfort de chiffres. Marvel est alors dans la merde et tous se battent pour racheter les restes, car ce potentiel cinématographique est toujours là et qu’il faut essayer de freiner les licenciements en masse…
Mais j’aurais trouvé intéressant, tout de même, que l’auteur se penche sur les démêlés judiciaires autour de Miracleman qui mettaient en avant le rapport à la propriété de McFarlane et Gaiman…

Toujours est-il que même s’il faut parfois mettre un bémol sur quelques petites opinions personnelles qui se glissent dans le livre le reste reste extraordinairement pertinent et édifiant.
Un livre que je conseille vivement à tous ceux qui s’intéressent aux coulisses de l’édition, à tout ce qui a servi à modeler le paysage comics depuis le début !

Indispensable !

Par FredGri, le 18 février 2018

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