MARSHAL LAW
Chasseur de héros

Dans le monde de Marshal Law les super héros sont le produit des étranges expériences du docteur Shocc, un ancien nazi qui a très vite compris que la race humaine serait tentée par le pouvoir, par la puissance et que proposer aux Etats Unis la possibilité d’avoir une troupe d’élite surpuissante serait un atout de plus pour son ambition galopante. Seulement voilà, ces hommes et ces femmes, une fois la guerre dans la zone terminée, une fois san Fransisco détruite, sont devenus très vite ingérables. Mis à part quelques personnalités déclarées héros nationaux, ils sont très vite devenus hors la loi. Le Marshal est donc mandaté pour s’occuper des récalcitrants et faire en sorte que justice soit respéctée.
Depuis quelques temps, un mystérieux super-tueur, plus connu sous le nom de "Sleepman", assasine sauvagement, après les avoir violé, des jeunes femmes déguisées en Celeste, la plus connue des Sirènes. Le Marshal se lance donc à sa poursuite et ses premiers soupsons tombent sur le "Public Spirit", le héros ultime, la fierté du pays. Que se cache-t il derrière cette façade parfaite ?

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur MARSHAL LAW #1 – Chasseur de héros

Je ne sais pas pour vous mais quand je tombe sur des BD géniales que je n’ai pas eu la clairvoyance de découvrir quand elles sont sorties je suis parcouru par un étrange frisson, ne sorte de plaisir particulier, comme lorsque, gamin, on tombait sur un délicieux bonbon que l’on ne connaissait pas !
Alors oui Marshal Law est une de ces perles qu’il est bon de savourer, même en retard.
J’ai longtemps eu un préjugé sur cette série, je me disais qu’il devait s’agir du gros truc bien bourrin, sans finesse, et en fin de compte, même si ça n’est pas un bijou de subtilité c’est véritablement une très grande série à lire absolument. Non loin des Watchmen et autre Dark Knight, le travail de Mills permet lui aussi de poser des questions intéressantes sur le rôle du pouvoir, ses dérives, le besoin qu’a l’humanité de se surpasser et de se pervertir inconsciemment ! Le Marshal Law est l’un des derniers bastions de rigueur, même si pour exercer son "rôle" il doit utiliser les mêmes techniques, les mêmes armes que ses adversaires !
Alors, ce qui est vraiment intéresant c’est l’écriture de Mills qui nous a depuis habitué à des choses bien plus franches et violentes (Slaine, etc.), ici il joue sur les monologues intérieurs, sur les narrateurs différents selon les approches, il mélange les ambiance, tantôt triste, tantôt amère, tantôt enjouée, son héros alimente une ambiguité assez anti conformiste et le super-héros apparait davantage comme une sorte de fantasme pervers d’une humanité en mal de puissance. Les dessins de Kevin o Neil se peuplent de détails partout, surchargeant même parfois les planches avec des mots, des symboles qui rajoutent un sens peut-être plus caricatural que le propos de Mills ! Mais il se dégage de l’ensemble une atmosphère tellement complexe et extrème que le résultat en est fascinant.
On est quand même en plein dans ce mouvement déconstructionniste de la fin des années 80, ou les éléments de la culture dominante sont tous mis à l’épreuve, abattus et découpés en morceaux. On voit une sorte de Superman idéalisé, avec des besoins sexuels décuplés, manipulant le système et l’opinion publique, on parle d’eugénisme, de chirurgie avec ces super femmes aux formes exagéremment rebondies mille et une fois parodiées et sujet de multiples fantasmes, et au milieu de tout ça le Marshal apparait comme une sorte de super Clint Eastwood version Punisher cuir sado maso aux couleurs d’une Amérique limite fascisée !
C’est passionnant et complètement en marge de ce qui se fait depuis. La découverte de cette fin d’année en tout cas !
Très fortement conseillé !!!

Par FredGri, le 11 novembre 2006

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