MARIN, L'ACTRICE & LA CROISIÈRE JAUNE (LE)
Chemins de pierre

En avril 1931, l’expédition concoctée par le constructeur automobile André Citroën s’ébranle enfin après de nombreux préparatifs. Divisée en deux groupes distincts pour des raisons topographiques ardues (le franchissement de l’Himalaya), celle-ci doit permettre de faire le lien entre Beyrouth et Pékin. Alors que le groupe Pamir parti du Liban semble cheminer sans trop de contraintes, le groupe Chine géré par le jeune Victor Point parti de la capitale chinoise, subit dès le départ moult tracas. Entre mouvements populaires anti-européens, mauvaise fois de participants autochtones, défaillances techniques et humaines, terrain et climat ingrats et manipulations insidieuses, la partie est certes loin d’être gagnée. Mais la motivation est là, intacte, et ce ne sont pas les nombreux chemins de pierre qui vont empêcher que se déroule la fameuse croisière jaune.

Par phibes, le 1 juillet 2011

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Notre avis sur MARIN, L’ACTRICE & LA CROISIÈRE JAUNE (LE) #2 – Chemins de pierre

Nous retrouvons l’audacieuse expédition automobile à laquelle participe le discret et néanmoins volontaire Victor Point. Après un premier tome de présentation du projet et du personnage central, Régis Hautière revient ici pour narrer enfin l’équipée automobile dans la réalité du terrain.

S’inspirant évidemment du fameux raid réalisé par le constructeur automobile durant les années 1931/1932 et reprenant pour son compte les différents protagonistes qui ont réellement participé à cette escapade orientale, Régis Hautière rentre ici dans le vif du sujet et évoque remarquablement les tourments des deux groupes lancés dans le périple. Plus particulièrement, il s’attache à expliciter les grandes difficultés du groupe Chine dirigé par l’ancien marin Victor Point. Par son biais, on assiste à un véritable tour de force d’une équipe qui cherche par tous les moyens à se surpasser en éludant les nombreux écueils se présentant à elle (territoriaux, techniques, humains et même espionnage) et qui la retarde inexorablement dans son échéancier.

Ce deuxième tome est surtout l’occasion d’assister progressivement à l’affirmation caractérielle du personnage principal qui vient, malgré son effacement premier, imposer ses qualités de meneur de troupes, au travers d’initiatives courageuses et heureusement payantes. Toujours épris de la belle actrice Alice à laquelle il écrit de belles lettres retraçant ses péripéties, Victor Point donne du corps au récit à la manière d’un aventurier plein d’audaces.

Graphiquement, l’évocation de la fameuse croisière jaune est des plus réussies. Le trait d’Arnaud Poitevin se suffit à lui-même pour décrire avec force la lente progression des forçats du raid oriental. Réellement habile pour se plonger dans les ambiances chinoises des années 30 (les paysages urbains sont superbes), l’artiste démontre tout son talent dans l’étude des grands espaces rocailleux de l’Asie, faisant évoluer douloureusement des véhicules anciens (autochenilles et camions). Les différents plans qu’il expose sont d’une grande rigueur, prouvant que ce dernier s’est bien documenté pour atteindre ce degré de réalité. Il fournit également un gros travail sur les personnages qui se veulent des plus représentatifs dans leurs postures et leurs mimiques.

Une suite des plus entreprenantes qui a l’avantage de remettre sur le tapis une croisière automobile exotique pour le moins osée.

 

Par Phibes, le 3 juillet 2011

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