Mariée par Correspondance

Timide, puceau, 38ans.. Monty Wheeler vit dans un cocon protecteur rempli de jeux, de bds et de jouets. Un jour, il lit une annonce : « .. Jeunes femmes asiatiques… Laborieuses, Loyales, Obéissantes, Mignonnes, Exotiques, Ménagères, Fille Simples.. ».
C’est le début de sa romance avec Kyung la belle, qui répond à sa demande. C’est par correspondance qu’ils sont entrés en contact, et ils vont se marier.
Hésitants l’un comme l’autre ils vont apprendre à se découvrir.. mais leurs rêves sont différents… très différents !

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Mariée par Correspondance

Mariée par correspondance est un roman graphique qui se lit lentement. C’est un livre dense, rempli de double et contre-sens. Il est construit autour d’une relation humaine artificielle. L’action est prévue, calculée, organisée et dans cette atmosphère préfabriquée, Kalesniko montre les incompatibilités des systèmes avec les raisons du cœur. Résultat : Un vrai court circuit !
L’enchaînement du rêve à l’illusion, puis de l’illusion au retour sur terre fait peur à voir. C’est dans ces conditions de désillusion que l’auteur montre à quel point les différences culturelles peuvent creuser un fossé entre les personnes et les rendre assez pathétiques.
Cette histoire dénonce plusieurs fléaux comme le commerce et le tourisme sexuel développé dans les pays d’Asie principalement et soutenu par une propagande publicitaire plus ou moins directe. Dans le récit, chacun des deux personnages va rêver de ce qui lui manque mais au travers d’un écran déformant. Chacun est berné ou se croit berné par l’autre. Le spectacle est dramatique.
L’homme a ses fantasmes et croit qu’il a trouvé, en Kyung, la poupée qui lui manque dans son monde à lui, le royaume des jouets. Elle est très jolie, mais elle est moins maniable qu’une poupée Barbie. Petit à petit, il ne pourra plus la diriger.
En même temps, l’homme dessiné avec un visage assez banal mais qui exprime l’incompréhension et la crainte, est remis à sa place. Ce n’est pas à lui de commander ! Le machisme doit disparaître.
Par contraste, Kakesniko dessine une très jolie héroïne qui elle, exprime l’assurance, la volonté et l’esprit de liberté. Se soumettre n’est pas son truc.
Dans cet état d’esprit contraire, il n’est pas franchement possible de construire une histoire. Chacun va souffrir jusqu’au point d’avoir besoin de faire mal à l’autre. Tout à coup on découvre la haine et à priori, en ce qui concerne ce sentiment, l’homme et la femme sont semblables, pas de gagnant à ce jeu là. Cet épisode d’ailleurs fait penser à quelques scènes apocalyptiques de « La Guerre des Roses » film assez croustillant de De Vito de 89 avec Kathleen Turner et Michael Douglas.
Belle démonstration en tous cas de l’effet destructeur d’une relation de couple. En dehors de l’aspect humain et de ses comportements, l’auteur raconte l’art et ses différentes formes. Il montre le dessin, la photographie, la danse… Cet univers artistique est moins violent mais tout aussi direct et omniprésent tout au long de l’album. Finalement, dans cette histoire , c’est l’image qui l’emporte, l’image que l’on voit ou celle que l’on montre.
La lecture de ce roman n’est pas facile mais l’effort est récompensé car Kalesniko livre un travail d’auteur profond, analytique et très bien dessiné.
S’il devait y avoir une leçon à tirer de cet ouvrage, alors je dirais que vivre de l’illusion est dangereux et qu’il ne faut pas essayer de modeler les autres pour qu’ils ressemblent à l’image dont on rêve.
L’image que je conserve est un pont qui relie la terre aux étoiles… Bonne lecture, poétiquement vôtre.

Par MARIE, le 24 octobre 2004

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