Maria et Salazar

 
La maison familiale où Robin Walter a grandi a été mise en vente. L’heure est donc au grand rangement et c’est un crève-coeur que de se rendre compte, à mesure que l’échéance approche, qu’une page importante va se tourner. Cette maison de Champigny-sur-Marne, dans l’histoire familiale, est également intimement associée à Maria, la femme de ménage qui y travaille depuis une trentaine d’années et qui est devenue une amie, voire, pour ainsi dire, un membre de la famille.

Maria a fui le Portugal du dictateur Salazar. C’était il n’y a pas si longtemps que ça, à l’échelle de l’Histoire ! Or, ce déménagement et la certitude de ne plus voir Maria tous les jours ont fait prendre conscience à Robin Walter qu’il ne savait finalement pas grand-chose de cette Maria qui l’a vu grandir, qui l’a nourri, qui s’est occupée de lui… Il s’est alors intéressé à son histoire, à son parcours, et a décidé d’en faire une bande dessinée.
 

Par sylvestre, le 26 novembre 2017

Notre avis sur Maria et Salazar

 
On peut dire de cette bande dessinée qu’elle est biographique car elle revient sur l’histoire de Maria, de son mari et de leur premier enfant qui sont partis du Portugal pour arriver en France au début des années (19)70. Mais Robin Walter en a aussi fait une bande dessinée en partie autobiographique puisqu’il se met en scène avec d’autres membres de sa famille, nous racontant leur relation avec Maria et mettant en abîme sa démarche d’auteur désireux de raconter à ses lecteurs l’histoire de cette dernière.

Afin de mieux comprendre le parcours de Maria et de sa famille, Robin Walter a dû se documenter sur leur pays d’origine. Là-bas, à l’époque de l’exil de celle qui deviendra leur femme de ménage, c’était la dictature de Salazar. La bande dessinée aborde donc aussi ce sujet : le récit de l’histoire de Maria est donc augmenté avec des pages plus généralistes sur la forte immigration portugaise en France des années 1970 et sur le régime alors en place au Portugal.

Le titre et le dessin de couverture de cette BD promettent ces côtés historique et documentaire ; c’est donc avec une certaine appréhension qu’on va d’abord voir se succéder une longue trentaine de planches tournant plus particulièrement autour de la famille française de Robin Walter. Au point qu’on finira par se demander s’il va enfin entrer dans le vif du sujet ! Seulement, voilà : en réalité, il est dès le début dans le vif de son sujet ! Pour lui, ce témoignage est un tout et cette fameuse partie historique et documentaire est importante mais est à considérer plutôt simplement comme un atout de meilleure compréhension. Bien entendu, la patience des lecteurs avides de ces pages plus générales finit par être récompensée et la bande dessinée, en noir et blanc, finit par équilibrer les scènes au passé, au Portugal, et celles au présent, dans le Val-de-Marne, en banlieue parisienne.

L’immigration est un phénomène qui touche la France par vagues depuis de nombreuses années. Italie, Espagne, Portugal, Maroc, Algérie, Vietnam au XXème siècle… Syrie, Irak, Libye, Afghanistan, Afrique noire au XXIème siècle… La France est une terre d’asile qui garde ouvertes ses portes à une main d’oeuvre bienvenue ou à des gens à protéger. Elle en retire la richesse de la diversité. Dans Maria et Salazar, Robin Walter rappelle les vertus de cet accueil en nous proposant un bel exemple précis qui lui est cher. Il rend en outre un hommage touchant à cette Maria dont les frites étaient si bonnes et dont la gentillesse et l’importance ne pouvaient échapper à sa reconnaissance.
 

Par Sylvestre, le 26 novembre 2017

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