Topaze - 1ère partie

Topaze est un jeune maître d’école qui enseigne à la pension Muche. Crédule mais honnête, il est sensible aux charmes de sa collègue Ernestine, également la fille du directeur de la pension, qui n’hésite pas à lui faire corriger les copies de ses élèves. Par ailleurs, il donne des cours particuliers gratuits aux élèves en difficulté, ce qui n’est pas pour satisfaire la vénalité du directeur Muche. Aussi, malgré que son enseignement et sa probité soit reconnus, Topaze n’a pu obtenir les palmes académiques. Partageant ses incertitudes avec ses collègues, l’enseignant leur avoue son penchant pour Ernestine et se voit encouragé à aller plus loin dans sa démarche affective. Mettant à profit ces conseils, il obtient malheureusement une fin de non-recevoir de la part de la jeune institutrice. Lors de la visite intéressée de la Baronne Pitart-Vergniolles, mère de trois élèves placés à la pension, Topaze refuse de modifier le bulletin de note d’un de ses fils. Cette décision, au demeurant on ne peut plus régulière, entraîne le courroux du directeur qui, après avoir appris par le professeur Tamise les sentiments que Topaze porte envers sa fille, le licencie séance tenante. Désormais sans emploi, l’enseignant propose ses services à Suzy Courtois, bourgeoise et maîtresse d’un conseiller municipal véreux, pour donner des cours à son neveu.

Par phibes, le 8 mars 2016

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Notre avis sur Topaze – 1ère partie

La maison Bamboo poursuit son opération éditoriale de mise en évidence de l’œuvre de Marcel Pagnol via la bande dessinée. Après La gloire de mon père et Merlusse, c’est au tour de Topaze de faire l’objet d’une adaptation illustrée, adaptation qui a l’avantage de réunir à nouveau les deux scénaristes qui se sont plongés dans l’exercice depuis le début, à savoir Serge Scotto et Eric Stoffel.

Topaze est tout d’abord une pièce de théâtre en quatre actes écrite dans les années 20. Elle a été reprise pour le cinéma à plusieurs reprises dont deux fois par Marcel Pagnol lui-même (on peut se rappeler le Topaze joué par Fernandel et Jacqueline Pagnol). Aujourd’hui, cette revisite a le mérite de remettre au goût du jour une histoire qui reste toujours d’actualité et qui met le doigt sur l’amoralité de la société moderne.

Cette première partie qui est scindée en deux chapitres est l’occasion de découvrir le fameux Topaze, dans ce qu’il est censé représenter aux yeux de tous, à savoir l’honnêteté et la sincérité les plus absolues. Aussi, en grand défenseur de la morale, doux rêveur, ce dernier ne manque pas de faire étalage de ses aspirations les plus charitables et le traduit pleinement dans ses discours. Malheureusement, ces derniers allant à l’encontre de certains opportunismes, le retour de bâton est inévitable.

On ne pourra que saluer la prestation présente qui a le privilège de se nourrir pleinement des textes de l’histoire originale, à laquelle quelques petites césures non perturbantes ont été faites. Verbeux et incisif à souhait, le récit se veut un régal de lecture. Ce premier volet relate avec virtuosité et également avec un humour corrosif, via des joutes oratoires excellentes (l’altercation avec la Baronne Pitart-Vergnolles, les bons conseils de discipline du doyen des professeurs par exemple), les vicissitudes du pauvre maître d’école, manipulé par son entourage, en particulier par la séductrice Ernestine et le vénal directeur Muche. Evidemment, d’autres personnages ont droit au chapitre tels la sémillante Suzy et le conseiller Castel-Bénac qui, à l’opposé des prétentions de Topaze, vont peser lourdement sur la destinée de ce dernier.

Côté illustrations, Eric Hübsch réalise un travail remarquable. A la faveur d’un trait semi-réaliste rehaussé par la belle colorisation de Sandrine Cordurié, l’artiste drosse avec beaucoup d’inspiration et de sensibilité l’univers de Topaze. Pour cela, il s’attache à représenter Topaze dans une effigie bien sympathique, caractérisant adroitement sa naïveté et sa droiture dans une expressivité on ne peut plus appropriée. De même, afin de bien compléter le décor, le dessinateur fait un beau clin d’œil au 7ème art en utilisant les traits des acteurs de l’époque qui ont joué Topaze comme Jacqueline Pagnol pour Ernestine, Paul Pauley pour le conseiller Castel-Bénac ou d’autres plus gesticulant comme Louis de Funès incarnant le directeur ventripotent Muche.

Une première partie d’une nouvelle adaptation de l’œuvre intemporelle de Marcel Pagnol qui, à la faveur de l’investissement et de l’inspiration des auteurs, se veut pleinement réussie. Un petit bijou à mettre entre les mains de toute la famille !

Par Phibes, le 8 mars 2016

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