Le schpountz

Irénée Fabre travaille comme commis-épicier chez son oncle à Marseille. Souvent rabroué par ce dernier pour son inefficacité, Irénée n’a pas le cœur à l’ouvrage car il sait qu’il a un don et qu’il se doit de l’assumer en dehors des caisses d’anchois et des paniers de croissants. En effet, il est persuadé d’être né pour être acteur au cinéma. Un jour, une équipe de tournage fait halte devant l’épicerie. L’opportunité est trop grande pour Irénée qui tente de faire valoir son talent. Comprenant qu’ils ont affaire à un schpountz, les techniciens s’amusent avec lui et lui propose, à l’issue d’une représentation spontanée, un contrat extraordinaire pour faire du cinéma. Devant l’incompréhension de son oncle et aveuglé par sa naïveté, Irénée décide de partir pour Paris rejoindre les studios cinématographiques. Arrivé sur place, il ne tarde pas à s’apercevoir qu’il est très difficile de faire valoir son contrat et se fait jeter à moult reprises. Ayant retrouvé l’équipe des techniciens, Irénée fait à nouveau l’objet d’une farce qui cette fois-ci lui ouvre les yeux. Il décide alors de tourner la situation à son avantage et de prendre ses détracteurs à leur propre jeu.

Par phibes, le 15 juillet 2017

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Notre avis sur Le schpountz

La superbe collection créée par Bamboo et dédiée au romancier cinéaste Marcel Pagnol prend du volume. Après La gloire de mon père, le château de ma mère, Merlusse et Topaze, c’est au tour de la célèbre œuvre cinématographique Le Schpountz réalisée en 1938 et interprétée par le charismatique Fernandel à être mise en valeur dans un format illustré.

L’on pourra saluer la grande qualité de cet ouvrage qui a l’avantage d’une part de traiter le sujet dans son intégralité en un seul opus et d’autre part, de le présenter dans cette forme qui lui sied à merveille et qui fait l’apologie de l’humour. Toujours sous le couvert de Nicolas Pagnol, petit-fils du plébiscité, et retravaillée pour les besoins de cette initiative éditoriale par Serge Scotto et Eric Stoffel, les coscénaristes patenté de la saga, nous découvrons le remuant Irénée, commis-épicier de son état qui a comme passion le cinéma et qui va chercher à l’assouvir opportunément.

On ne pourra qu’être subjugué par l’excellence des dialogues (dont certains sont passés à la postérité comme les différentes tirades sur un extrait du code pénal) desquels les accents chantants de Marseille semblent fuser. On ne peut plus fleurie et emplie de ferveur, cette adaptation très fidèle se démoule naturellement, selon un concept théâtral enchanteur, mêlant avec beaucoup de justesse, tragédie et comique. Evidemment, Irénée crève « l’écran » et en véritable fada nous attire dans son appétence cinématographique incertaine. Aussi, les effets sont immédiats, on rit généreusement de toutes ses galéjades, on le plaint eu égard à sa naïveté dans laquelle il se noie et on applaudit quand il se réveille.

Au niveau de la mise en images, le travail d’Efix est généreux (plus de 80 pages) et resplendissant. Dans un semi-réalisme parfois caricatural réellement accrocheur qu’il maîtrise sans ambiguïté, l’artiste croque la destinée d’Irénée dans une frénésie rafraîchissante. Son amusement est perceptible, au point qu’il n’hésite pas à certains moments à faire évoluer des personnages qui n’ont rien à voir avec l’histoire. Ses nombreux décors sont particulièrement soignés et servent efficacement de fonds à des personnages terriblement irrésistibles.

Une adaptation jouissive à la portée de tous, gorgée d’humour et empreint de modernité, à lire absolument et qui vous donne réellement envie de (re)voir le film originel.

Par Phibes, le 15 juillet 2017

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