La gloire de mon père

Marcel est né à Aubagne, d’un père instituteur anticlérical et d’une mère couturière, qui se prénommaient respectivement Joseph et Augustine. Bercé par les bons conseils de ses parents et témoin privilégié des nombreuses pérégrinations familiales, le garçon a l’avantage de développer une sensibilité toute particulière. Sachant lire à six ans, ce dernier ne manque pas d’imaginer moult histoires dans lesquelles ses proches ont un rôle à jouer. Le jour où sa tante Rose fait la connaissance de Thomas/Jules, Marcel trouve en lui un véritable confident. C’est d’ailleurs grâce à la relation très marquée entre cet homme mûr à grosse moustache et son père qu’un jour, une grande décision concernant les grandes vacances est prise. En effet, les deux familles vont pouvoir, durant cette période, migrer loin de la ville, dans une villa située au milieu des pins à proximité d’un désert de garrigue et au pied du massif de Garlaban. C’est en ces lieux magiques, baigné par un soleil généreux que va naître la grande passion de Marcel Pagnol, portée par le chant des cigales et le vol sporadique des bartavelles.

Par phibes, le 29 novembre 2015

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Notre avis sur La gloire de mon père

Sous l’égide de leur collection Grand Angle, les éditions Bamboo, toujours prêtes à diversifier leur production pour toucher le maximum de lecteurs, ont décidé de se lancer dans une nouvelle aventure éditoriale, celle concernant l’adaptation en bandes dessinées de l’œuvre du fameux auteur provençal Marcel Pagnol. Pour ce faire, le tandem Serge Scotto et Eric Stoffel se reforme (après leur participation à la saga Histoire de pilotes) et choisit, pour bien marquer l’initiative, l’un des chefs d’œuvre hyper connu réalisé par le grand maître à savoir La gloire de mon père, premier opus se référant aux souvenirs de jeunesse de celui-ci et repris au cinéma par Yves Robert en 1990.

Dès les premières pages, la magie opère et se raffermit au fur et à mesure que l’on suit les pérégrinations de la famille Pagnol. Sans désorganiser la structure originelle, les deux coscénaristes trouvent la juste évocation pour nous plonger dans cette belle Provence du début du 20ème en délivrant, juste comme il faut, sans trop en mettre, le souvenir de Marcel, lorsque ce dernier avait entre six et huit ans. Utilisant donc une narration personnelle et on ne peut plus « chantante », le récit fait état de nombreuses scénettes qui se campent le vécu intimiste du romancier. Toutefois, ce n’est qu’après plusieurs aller-retours rapides juste pour présenter le cadre familial (l’érudition du garçon, la naissance de celui-ci, la grossesse d’Augustine, le parcours professionnel de Joseph…), que l’histoire finit par se stabiliser temporellement et suivre une chronologie croissante (à partir de l’entrée remarquable de l’oncle Jules) jusqu’à la découverte de l’arrière-pays aubagnais.

Force est de constater que cette adaptation a l’avantage de surfer bien agréablement sur la fibre « pagnolaise », jouant très habilement sur la mise en évidence des personnages, à la fois simples et hauts en couleurs, et des superbes territoires. Les anecdotes qui se suivent sont des plus croustillantes, amusantes (celle attachée à Joseph – la chasse à la bartavelle – étant la plus significative), parfois critiques, et éclairent tout particulièrement le lecteur sur l’ambiance de la belle Provence d’une certaine époque. A l’appui de ces atmosphères ensoleillées dans lesquelles l’on ne manquera pas de percevoir le chant des cigales et le cri de la perdrix royale et autres, d’entendre l’oncle Jules rouler les « r », l’on pourra se laisser convaincre par le petit Marcel, par son amour des siens et par son admiration sans limite de sa garrigue sauvage.

S’agissant d’une bande dessinée, la partie illustration a été confiée à Morgann Tanco à qui l’on doit déjà Le droit chemin, l’ivresse des fantômes… Dans cette adaptation, l’on pourra accorder que l’artiste use d’un trait pour le moins respectueux de l’univers de Marcel Pagnol. Sans être pour autant très réaliste, le dessin mis en avant offre une vision des souvenirs de l’écrivain qui se veut recherchée et légère, eu égard à l’expression provinciale très marquée de ses personnages. L’amusement et le plaisir sont de mise, on le perçoit très aisément (jusqu’à faire des clins d’œil à ses coscénaristes – p 86), et par ce biais, se veut communicatif.

Une excellente adaptation complète qui fleure bon la Provence, qui se veut un très bel hommage illustré et qui reste à lire par toute la famille. Aussi, eu égard à la qualité, on ne peut que répondre présent aux autres récits prévus par l’éditeur, à commencer par Merlusse qui sort en même temps que le présent.

Par Phibes, le 29 novembre 2015

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