Cigalon

Sous le soleil de la belle Provence, une famille de la grande ville est venue flânée dans l’arrière-pays afin d’en examiner toute sa beauté. Ayant atteint les hauteurs d’un bourg pittoresque, elle décide de se récompenser en prenant place sur la terrasse vide du seul restaurant des lieux appartenant à Cigalon. Après un moment d’attente et une tentative de commande, les visiteurs se retrouvent face au restaurateur et découvrent que ce dernier, trop fier pour travailler, n’a pas l’intention de les servir. Après avoir tenté de l’amadouer pour analyser ses capacités culinaires, et devant l’effronterie de celui-ci, les citadins repartent en colère complètement déconcertés. C’est alors qu’apparaît Madame Toffi, blanchisseuse à la ville, qui vient annoncer à Cigalon qu’elle a vendu son commerce pour venir créer son propre restaurant dans le village. La réaction du restaurateur ne se fait pas attendre. Contre cette concurrence, il décide de lui déclarer la guerre en rouvrant son restaurant.

Par phibes, le 9 septembre 2018

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Notre avis sur Cigalon

Motivée par l’adaptation en bande dessinée de l’univers culte de Marcel Pagnol, la généreuse équipe à l’initiative de Topaze, composée de Serge Scotto, Eric Stoffel et Eric Hübsch sans oublier Sandrine Cordurié, revient sous le couvert de la Maison Bamboo pour mettre en avant une autre production de l’artiste.

Moins connu que ceux illustrés précédemment, Cigalon se veut malgré tout une comédie provençale à découvrir. Créée initialement pour le cinéma (en 1935) et peu reconnue par le public lors de sa sortie en salle, reprise bien plus tard (en 1975) avec un certain succès, cette œuvre subit par le truchement de cet album une belle mise en lumière qui allie dépaysement et drôlerie.

C’est sous le couvert d’un personnage antinomique particulièrement caractériel et détestable (et aussi original) que nous replongeons dans les ambiances du sud de la France des années 30. L’action se déroule au sein d’un village de la banlieue marseillaise, initiée par l’attitude entêtée de Cigalon, chef de renom qui a décidé de ne plus servir ses clients. Mais l’arrivée de Madame Toffi va changer la donne et pousser le grand chef à se remettre devant les fourneaux pour nourrir un client griveleur peu scrupuleux.

A la faveur de tirades « furieuses » et chantantes particulièrement croustillantes, cette aventure gastronomique se veut des plus risibles. Se déclinant comme une pièce de théâtre en trois actes, elle a l’avantage de se reposer sur des personnages particulièrement charismatiques, forts en gueule et en verve. Les situations dans lesquelles ils se démènent, ubuesques à souhait, s’enchaînent allègrement selon une légèreté constante qui nous assure un réel plaisir de lecture.

Hübsch tire son épingle du jeu en nous offrant une remarquable mise en images. Selon un concept semi-réaliste qu’il maîtrise parfaitement (on a déjà pu l’apprécier dans Topaze), l’artiste parvient à bien camper la Provence des années avant-guerre et ses autochtones pleins de caractère. Le travail sur ses personnages est excellent et donne une réelle dynamique à l’ensemble de cette adaptation, à la fois bien craquante et désopilante. On appréciera au passage les quelques clins d’œil orchestrés si ou là, à Topaze ou aux trois trublions de Pellos.

Une adaptation qui se veut fidèle à l’œuvre originale et qui, grâce à son humour et sa qualité théâtrale, a le privilège de vous emporter totalement. A déguster sans retenue !

Par Phibes, le 9 septembre 2018

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