MANO (LA)
Montefiorino

En 2010, alors qu’il reçoit en consultation une patiente dont le fils est mort lors d’un attentat durant les années de plomb, le docteur Sandro Bianchi ne peut s’empêcher de se remémorer cette période on ne peut plus douloureuse.

Nous sommes en 1965, en la Commune de Monteferino. Sandro et ses quatre amis, Piero, Raffaella, Dina et Aristofane, avec lesquels il partage les mêmes idéaux révolutionnaires, commettent leur premier acte revanchard en s’attaquant à la propriété d’un exploitant déplaisant. Fort du résultat encourageant de leur action, ils se décident à donner un nom à leur groupuscule. Etant cinq et liés comme les doigts d’une main, ils créent d’un commun accord La Mano. Et c’est sous ce patronyme, que le petit groupe agit, petitement certes et à la risée de l’opinion. Voulant être pris au sérieux, ils passent à la vitesse supérieure, explosifs à l’appui, jusqu’au cours d’une opération contre le fasciste Altobelli, où ce dernier trouve la mort. Cette tragédie signe la dissolution du groupe mais pas la fin de leur amitié qui les poussera de temps à autre à se retrouver, pour le meilleur… ou pour le pire.

 

Par phibes, le 5 février 2011

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Notre avis sur MANO (LA) #1 – Montefiorino

Après avoir bouclé sa série historico-fantastique du Rêve de Jérusalem, Philippe Thirault revient sur un récit plus contemporain. En effet, via les éditions Dargaud, il nous invite à partager les pérégrinations justicières d’un groupe de copains italiens. Pour ce faire, il nous replonge dans les ambiances de luttes terroristes des années 60, surnommées les années de plomb.

Sans rentrer dans une débauche d’idéologies engagées, Philippe Thirault nous fait saisir la montée, sous la férule d’un communisme puissant, des ambitions activistes d’un jeune quintet épris d’un certain idéal. Sans violence extrême (en tout cas, sans commune mesure avec la série visée plus haut), l’auteur nous transporte, via un long flash-back, à l’époque du premier acte de La Mano, à partir duquel nous sont présentés les protagonistes. Force est de constater que le scénariste a bien étudié les caractères de chacun, qui dans leur spécificité, donne de la matière à la vie du groupuscule. Entre orgueil, idéologie plus ou moins profondément marquée, envie de faire bouger le monde, amour difficile et tromperie malheureuse, il anime avec talent, dans des élans tendres, les relations pas si évidentes entre ses protagonistes.

La partie graphique est des plus agréables. Alberto Pagliaro qui a déjà croisé le chemin de Philippe Thirault lors de la réalisation du collectif Les enfants sauvés, réalise un travail dans lequel la maîtrise du trait est avérée. Usant d’un style anguleux et rigoureux quant à la finesse d’exécution d’un encrage doucereux et une colorisation chaude avec une dominance de brun, il parvient sans contexte à camper les situations auréolées d’idéaux dans une représentativité excellente. Ses personnages ont un réel charisme et de par leurs actions dérivantes, portent parfaitement les aventures à l’italienne des années 60.

Une série prévue en trois parties dont le premier opus, excellemment orchestré, qui campe bien l’activisme naissant et déviant des cinq personnages principaux, est à lire à poings fermés.

 

Par Phibes, le 20 février 2011

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