Manara grandeur nature. Autoportrait

 
Au fil de multiples chapitres très courts, Milo Manara nous parle de lui. Il nous raconte des moments de sa vie avec simplicité et humilité, depuis ses débuts jusqu’à nos jours ; et plus précisément jusqu’au confinement de 2020. Il profite de l’exercice pour rendre hommage à tous ceux qu’il a croisés et qui l’ont fait devenir l’homme et surtout l’artiste dont on admire le talent et le style.
 

Par sylvestre, le 27 février 2023

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Notre avis sur Manara grandeur nature. Autoportrait

 
Cet autoportrait est une espèce de promenade mémorielle : Manara ne nous raconte pas toute sa vie par le menu mais nous livre une succession chronologique de souvenirs et d’anecdotes qui, mis bout à bout, nous donnent une belle idée de son parcours. Un auteur de bandes dessinées complet doit savoir dessiner mais doit aussi bien savoir raconter des histoires. Pas de souci : dans un style très fluide, l’Italien se raconte sans que jamais son propos soit trop pénible à lire ! Certes, il n’est pas vraiment question là d’un scénario ; il s’agit plutôt d’un déroulé de souvenirs. Mais le fait est que le texte est un plaisir à lire ; où le ton est plutôt celui de l’amicale conversation, ou du passionnant monologue puisque lecteur n’intervient pas. Et jamais Manara ne s’envoie des fleurs, alors qu’il y aurait matière ! Au point que son humilité devient presque parfois un peu agaçante : quand il dit sa chance d’avoir croisé untel ou unetelle, par exemple. Quand il n’était pas encore un auteur très en vue, on peut concevoir qu’il se soit parfois senti "petit" ou inexpérimenté face à des gens qu’il admirait. Mais quand lui-même est devenu un monument reconnu de la BD, on a un peu peine à croire qu’il ne soit pas passé "de l’autre côté de la barrière" de l’admiration et qu’il n’ait pas entretenu des relations plus "d’égal à égal" avec ses interlocuteurs de renom !

Cette lecture est très intéressante, et très variée, très vivante. Les thèmes sont forcément multiples : Milo Manara nous parle de son enfance, de ses premiers travaux plus ou moins gagne-pain, de ses recherches d’éditeurs, de ses amitiés artistiques, de ses œuvres, de ses expériences de vie… Ceux qui ne savaient pas grand-chose du parcours de l’auteur apprendront plein de petites choses : qu’il a joué du saxo, qu’il est passionné de moto, qu’il a travaillé sur certaines planches du Déclic lors de vacances au (très conservateur !) Pakistan, qu’il a touché au cinéma, aux comics… Et mesureront combien il rend hommage à ceux qui l’ont inspiré et qui l’ont accompagné : Moebius, mais surtout Hugo Pratt et Fellini avec qui il a collaboré. Ces artistes l’ont tant marqué qu’à certains moments, Manara nous livre des anecdotes sur eux, déviant pour l’occasion sa trajectoire strictement autobiographique !

Le seul regret que les lectrices et les lecteurs pourront peut-être avoir est que dans ce livre, Milo Manara ne s’étend pas du tout sur sa technique de dessin ou sur ses outils : si on a l’occasion de "jeter quelques coups d’œil dans sa cuisine", on ne saura rien sur le secret de ses recettes ! C’est dommage mais soyons clairs : ce n’est pas parce qu’il aurait été plus précis sur ces points-là qu’on serait ressorti de cette lecture en ayant acquis assez de son talent pour pouvoir croquer ensuite comme il le fait, en quelques traits bien maîtrisés, des créatures de rêves !
 

Par Sylvestre, le 27 février 2023

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