MALGRE NOUS
Elsaß

Du haut de ses 21 ans, le jeune Louis Fischer se sent Français. Mais avec un père qui s’est battu pour l’Allemagne en 1917 et qui se fiche bien de sous quel drapeau il vit du moment qu’il vit en paix, avec les frontières de son pays qui évoluent au gré des conflits, avec un frère tombé au combat et avec, en cette année 1941, une oppressante occupation allemande de la région imposant par la force les doctrines nazies, Louis sait les risques qu’il encourt à revendiquer son identité de cœur.

Paradoxalement, lorsqu’il devra partir dans les rangs de jeunesses hitlériennes, il en tirera la satisfaction de quitter le foyer familial où les conversations politiques mettaient en lumière les divergences de pensées entre son père et lui et rappelaient à leur souvenir à tous la douloureuse perte de son frère. Son enrôlement ne l’enjouait cependant pas, la raison prenant le dessus, et il rejetait la propagande qu’on lui servait…

Mais d’avoir vu sa sœur aux bras d’un Boche et de voir sa petite amie s’éloigner de lui pour des raisons qu’il n’acceptait pas l’ont fait un soir se perdre dans l’alcool… Ce qui l’a conduit à être arrêté par la police, et ce fut par les services d’un ancien camarade qui voulait tenir sur lui une revanche et qui l’a, pour se venger, envoyé servir dans la Waffen SS, dans le genre d’unité où la première étape pour l’encadrement est de faire perdre sa libre pensée et son libre arbitre aux hommes…
 

Par sylvestre, le 28 septembre 2009

Lire les premières pages de MALGRE NOUS #1 – Elsaß

Publicité

Notre avis sur MALGRE NOUS #1 – Elsaß

On se rappelle de la série Le Boche, de Bardet et Stalner, qui touchait du doigt le sujet de l’identité alsacienne apatride en la personne de son héros avant de proposer une aventure au cours de laquelle ce prétexte identitaire se délayait ensuite. Avec Malgré nous, Thierry Gloris et Marie Terray abordent également le thème et semblent vouloir ancrer ce malaise de toute une génération bien plus profond dans leur récit historique.

Le scénariste prévient, cependant, dans son préambule, que Malgré nous est une pure fiction. Mais n’entendez pas par là qu’il traite le sujet avec une quelconque envie de faire de l’historique sans s’être documenté. En effet, on sent bien qu’il a fallu qu’il recueille des témoignages et qu’il compulse des livres pour nous offrir cette histoire qui sinon n’aurait pas manqué de montrer rapidement des lacunes. Simplement, il a plutôt voulu s’attacher à suivre un héros lambda et en dépeindre sa vie quotidienne sous l’occupation l’a forcé à être sérieux sur le contexte. (On notera simplement des fautes de Hochdeutsch, ce qui est dommage dans l’objectif de perfection mais ce qui ne nuit en rien à la lecture de l’album par des lecteurs avant tout francophones !)

Ce tome 1, Elsaß (Alsace), est donc une lecture intéressante et fort agréable, avec un scénario un peu téléfilm mais qui sied parfaitement à son traitement en bandes dessinées. L’excellent dessin à l’aquarelle signé Marie Terray est d’ailleurs très adéquat, assurant ce petit côté "passé" qu’on apprécie aussi par exemple dans les œuvres de Gibrat. On notera en passant les effets de couleurs, comme cette dominante de couleurs roses lorsqu’il s’agit de scènes romantiques, ou ces teintes plus sombres dès lors que l’oppression nazie est de mise…

Vous l’avez compris, Malgré nous se présente comme une œuvre répondant sur tous les tableaux à ce que l’on attend en BD d’une bonne fiction historique. Et avec un héros au cœur meurtri du côté amoureux et corrompu du côté politique, on peut s’attendre à des rebondissements qui en feront à n’en pas douter une lecture à recommander fortement !
 

Par Sylvestre, le 28 septembre 2009

Nos interviews, actus, previews et concours

À propos

Actualités, interviews, previews, galeries et concours.

Publicité