Mâle occidental contemporain

 
Thomas est célibataire, mais il ne compte pas le rester trop longtemps. Il cherche donc à l’occasion l’âme sœur sur internet mais ne rechigne pas à sortir et à aller draguer tout ce qui bouge. Quitte à prendre des râteaux, quitte à se taper la honte, car statistiquement : plus il accostera de filles, plus il aura une chance d’en accrocher une ! Non ?!

Thomas est très observateur, très lucide et très réfléchi. Au risque que ses approches perdent de la spontanéité ? Pas sûr, mais en tout cas, il calcule toujours les chances qu’il a en fonction de ce qu’il voit et de ce qu’il en déduit, de ce qu’il pense et de ce qu’il sait… Un vrai chasseur, quoi ! Lâché au beau milieu d’un troupeau de gazelles…
 

Par sylvestre, le 17 novembre 2013

Notre avis sur Mâle occidental contemporain

 
Parce que ce livre traite des rapports entre hommes et femmes et parce qu’il y est question de drague et donc d’estime de soi et de respect de l’autre, il aura forcément ses aficionados et ses détracteurs. Certains applaudiront le héros, Thomas, pour les leçons qu’il donne et pour ses techniques plus ou moins fructueuses, l’applaudiront pour l’homme qu’il est, obstiné, mais d’autres hurleront au contraire au machisme et s’indigneront de la mauvaise image qui est donnée de la femme réduite à l’état de cible de la drague masculine ! Or il faut se rendre à l’évidence : on vit une époque où les relations amoureuses ne sont plus ce qu’elles furent. Il y a internet, maintenant. Il y a le speed dating, il y a les boîtes de nuit et leurs épisodes alcoolisés et il y a les changements de culture et de mentalités qui font que chacun, quelque soit son sexe, a à sa disposition un large éventail d’attitudes à pouvoir adopter selon la situation. Et justement, on assiste là, au fil des belles que Thomas aborde, à différentes réactions féminines et au pouvoir qu’elles ont sur le jeune homme : il y a celles qui sont complètement réticentes et le font savoir, celles à qui il n’en faudrait pas beaucoup plus pour être tentées et celles qui sont carrément partantes, au point parfois de faire fuir notre Thomas alors surpris, voire même apeuré par sa trop grande ou trop facile réussite !

En fonction de son état d’esprit, on appréciera plus ou moins la plaisanterie. C’en sera trop pour les coincés du c– mais vraiment amusant pour le lecteur plus ouvert qui saura prendre cette histoire pour ce qu’elle est et qui se régalera de son rythme, du toupet de son héros et de sa qualité en général. Dès le début, Thomas attaque. Et quand dans d’autres scenarii, l’approche ne peut se jouer qu’une seule fois parce qu’il n’y a qu’une héroïne à séduire, on apprécie qu’ici elle soit multipliée par X (héhéhé) et offre ce florilège de réactions qui se succèdent à un rythme effréné. Les auteurs réussissent ainsi à faire de leur récit une "farce sérieuse" : ils tournent en dérision ce qui aurait pu être une véritable étude psychologique en la confiant à un mec lambda (tantôt looser, tantôt non) mais en maintenant le tout sous un voile de décence : rien d’agressif, rien qui ne soit fait sans consentement, rien de dégradant… Le joyeux portrait d’une tranche d’âge qui se cherche, quoi. Et qui se trouve, ou pas… Ou pas dans les conditions qu’on aurait imaginées !

Mâle occidental contemporain (paru au départ en épisodes dans Libération) se lit vraiment très bien. Le scénario de François Bégaudeau et le dessin de Clément Oubrerie sont très en phase et il ressort de leur complémentarité cette chronique moderne jubilatoire dont il y a de très fortes chances que vous appréciez le ton !
 

Par Sylvestre, le 17 novembre 2013

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