Mal de mère

 
Gamin, Rodéric avait du mal à supporter son père. Celui-ci était autoritaire, donneur de leçons et à cheval sur mille principes. Il lui préférait sa mère, encore qu’il n’y avait pas un parent pour rattraper l’autre les jours où des disputes éclataient entre eux ! Et il y en avait souvent, des disputes, à la maison…

Longtemps, Rodéric a vécu sans comprendre que sa mère était alcoolique. Du jour où il l’a su, il s’est expliqué beaucoup de choses qui jusque là lui passaient "au-dessus de la tête". Et a voulu aider sa mère, avec ses moyens à lui. Mais à partir du moment où l’alcoolisme de Claudette ne fut plus un secret pour personne à la maison, les choses n’ont fait qu’empirer, et de plus en plus vite. Disputes, problèmes de santé : la spirale infernale…
 

Par sylvestre, le 20 juillet 2015

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Notre avis sur Mal de mère

 
En noir et blanc, Rodéric Valambois livre une courageuse bande dessinée autobiographique au centre de laquelle l’alcoolisme de sa mère exacerbe tout. Dans sa famille, les petits problèmes deviennent des gros, les petites disputes s’enveniment jusqu’à devenir des déclarations de guerre… La faute à qui ? A sa mère qui a un problème avec l’alcool ? A son père qui paraît ne jamais trop faire d’efforts pour arranger les choses ? Aux enfants qui ne se rendent pas vraiment compte de la gravité du problème et dont le comportement n’aide pas leurs parents ? Si ce n’était qu’une fiction, on verrait les choses différemment, mais là c’est la vraie vie, et on tire notre chapeau à l’auteur qui n’a pas hésité à mettre sur la place publique ses soucis familiaux, le genre de soucis qui d’ordinaire restent dans le secret des familles.

Dans Mal de mère, Rodéric Valambois n’y va en effet pas par quatre chemins : il vide son sac, n’hésite pas à rapporter les comportements ou les pensées parfois terribles qu’il a eus envers ses parents ; par exemple en avouant cash qu’il déteste son père, ou en dévoilant comment il a pu dire un jour à sa mère qu’elle ne l’était désormais plus. C’est très violent ! De plus, on sait bien que sa famille "in real life" peut lire sa bande dessinée et donc que certains vont "découvrir" le fond de certaines pensées qu’il a eues. Mais en même temps, on comprend que ce mal était nécessaire : on ne peut pas blâmer des gens dont le comportement s’est adapté à une situation de crise qu’on ne peut même pas imaginer. Et tout est encore plus touchant dans la mesure où on voit tout depuis les yeux de l’auteur quand il était gamin : avec sa réflexion de petit, avec ses sentiments de culpabilité, avec son impuissance devant le trop énorme problème…

Le dessin de Rodéric Valambois est semi réaliste et s’accorde très bien avec cette "histoire de gosse" bien qu’elle n’en soit pas vraiment une, vous l’aurez compris. C’est une histoire dramatique que l’auteur a réussi à nous raconter en l’organisant par petits chapitres qui sont comme autant de pièces dans un puzzle : ainsi on est témoin, on subit, on s’insurge, on comprend, on stresse, on met de l’eau dans son vin, on compatit, on s’énerve avec ceux qui ne supportent plus la situation, on savoure les rares moments d’accalmie, bref, on accompagne cette famille tout au long de son chemin de croix… C’est fort touchant et très bien amené, bravo.
 

Par Sylvestre, le 20 juillet 2015

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