MAÎTRES INQUISITEURS (LES)
Mihaël

Après avoir scénarisé le deuxième opus de cette saga et avoir animé Sasmaël, Nicolas Jarry succède à Jean-Luc Istin (auteur du tome 3 – Nikolaï) et vient nous présenter Mihaël, un autre Maître Inquisiteur, personnage emblématique du Monde d’Oscitan qui, sous le couvert des Mages, a tout pouvoir pour assurer la justice au sein de celui-ci.

L’aventure qui nous est présentée nous introduit dans une équipée qui, à elle seule se suffit à elle-même, mais qui vient aussi conforter le fait qu’une menace, perçue dans les épisodes précédents, est en train de se cristalliser sur le fameux ordre des Maîtres Inquisiteurs. Sur le premier point, l’on pourra saluer la prestation de Nicolas Jarry qui produit ici un récit au sein duquel ne manque ni rebondissements, ni magie.

Certes de conception un peu plus classique que précédemment et à l’appui d’une narration intimiste (celle de Mihaël), l’histoire de celui-ci joue sur le caractère mystérieux et angoissants des faits qui grèvent le voyage maritime auquel participent plusieurs personnages. Si le démarrage permet de faire la connaissance avec les intervenants, il ne fait aucun doute que ces derniers se découvrent dans une galerie pour le moins bigarrée et nous assure d’une grande variété de caractères. Il va de soi que trois protagonistes se détachent de l’ensemble et portent suffisamment à eux seuls l’intrigue (Mihaël dont le rôle se veut moins sombre que ses prédécesseurs, Shaweën, elfe moraliste et réprobateur, et Noemm, jeune fille incarnant la vitalité), intrigue qui, au fil des différentes disparitions, va déboucher sur une vérité machiavélique et profonde.

Le déroulement de cette aventure repose également sur le pouvoir magique du Maître Inquisiteur qui, contrairement à ses pairs, en use presqu’à tout va. Fort de cet usage, une certaine féerie – très fleurie – se dégage des péripéties qui, bien sûr, va être bientôt remplacée par une autre déclinaison, plus destructrice.

Après une intervention dans l’univers de la saga Elfes (il a dessiné l’épisode 4 – l’Elu des semi-elfes), Jean-Paul Bordier aborde un autre univers fantasy créé par Jean-Luc Istin. Les Maîtres Inquisiteurs, et ce tome en particulier, lui donnent l’occasion de faire l’étalage de tout son potentiel artistique qu’il a su faire évoluer grâce à des séries comme Souvenirs d’un Elficologue ou d’autres publications comme Les contes de Korrigan. Son trait est clair, riche en détails, grouillant de personnages, luxuriant à souhait et fortement exotique pour bien camper la magie du Monde d’Oscitan. Sa profondeur et sa beauté ont l’avantage de bénéficier de la superbe mise en couleur de Digikore Studios.

Un épisode, peut-être un tantinet en dessous des précédents, mais qui a tout de même assez de matière pour nous faire voyager dans un univers médiévalo-fantastique toujours aussi dépaysant et convaincant.

Par Phibes, le 24 janvier 2016