MAÎTRES DES ÎLES (LES)
Saint-Pierre, Martinique, 1848

En 1848, au domaine Morne Folie de la famille Huc, Eliza reste profondément marquée par la perte de son frère Charlot. Pendant ce temps, la révolution pour l’abolition de l’esclavage se met en marche. Alors que les békés font pression sur les instances gouvernementales pour freiner cette soif de liberté, les autochtones sous l’impulsion de Pory Papy commencent à se faire entendre. Au point que ce dernier, écouté par la population, se voit proposé par le Maire un poste de conseiller municipal. Eliza, qui est enceinte de celui-ci, n’aspire qu’à vivre le parfait amour avec Pory et même à se battre pour son exploitation de cannes à sucre.
Pour cela, elle décide d’arrêter la vente de sa production de sucre pour se consacrer à l’élaboration du rhum. Qui plus est, sans attendre les directives gouvernementales de la métropole, elle déclare libres tous ses employés noirs. C’est la stupéfaction générale, les uns acceptant sa décision, d’autres comme son grand-père, esclavagiste de nature, la refusant radicalement.
Est-ce la fin de Morne Folie ou au contraire, avec l’arrivée de la petite Charlotte, la renaissance de la plantation ? Rien n’est moins sûr, même si l’émancipation a été décrétée, le danger via des débordements de tout bord reste toujours présent.

Par phibes, le 22 avril 2021

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Notre avis sur MAÎTRES DES ÎLES (LES) #3 – Saint-Pierre, Martinique, 1848

Stéphane Piatszek et Gilles Mezzomo reviennent avec ce troisième opus sur l’Histoire de l’abolition de l’esclavage vécue en Martinique au 19ème siècle. Pour l’illustrer, le scénariste s’est concentré sur une famille, les Huc, dirigeant une plantation de cannes à sucre qui est appelée à vivre la tourmente de cette décision gouvernementale. Nous retrouvons donc celle qui se trouve au milieu de ces péripéties émancipatrices, à savoir Eliza, femme de conviction et de décision, qui va devoir faire sa place entre un grand-père esclavagiste par tradition, un amant natif très actif (Pory Papy), un sinistre cousin vindicatif (Paul d’Assier) et bien sûr une exploitation à faire prospérer.

Cet épisode qui clôt cette évocation historique reste comme les deux précédents d’un niveau toujours aussi captivant. En effet, Stéphane Piatszek parvient avec brio à mêler l’Histoire (la vraie) de la Martinique à celle (romancée) d’une famille de « blancs » confrontée à l’émancipation de tout un peuple aspirant à la liberté. Sous le couvert de cette maîtrise scénaristique, l’auteur nous fait vivre des séquences ô combien fortes, n’hésitant à faire intervenir des personnages illustres ayant vécu ces évènements cruciaux comme Pory Papy (homme à la carrière politique impressionnante) pour conforter ces derniers.

Ce tome permet aussi de suivre l’évolution d’une famille au sein de laquelle les idées sur l’abolition s’opposent, certaines plus destructives que d’autres, jusqu’à une prise de conscience inéluctable. Là aussi, les temps de confrontation sont bien dosés et donnent à cet ensemble, sous le couvert d’un soulèvement humain, une réelle saveur d’affranchissement et de renouveau.

On saluera également la prestation de Gilles Mezzomo qui trouve, de par son trait libéré à l’encrage prégnant, à faire passer un message pictural excellent. L’artiste parvient à décrire cette révolution martiniquaise dans des proportions réalistes via des décors exotiques et historiques remarquables et des protagonistes qui ont réellement du charisme.

Une fin de triptyque réussie qui a l’avantage de faire un mix efficace entre Histoire de La Martinique et fiction.

Par Phibes, le 22 avril 2021

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