Le maître d'armes

A la cour du Roi François 1er deux hommes s’affrontent lors d’un combat singulier dont l’issue doit déterminer qui sera le maitre d’armes de sa majesté. Face à Hans Stalhoffer qui défend une idée très chevaleresque de son art se dresse Maleztraza qui, alors que les armes laissent à penser que Stalhoffer à la maitrise du combat va changer sa lourde épée à deux mains contre une rapière.

Par olivier, le 4 octobre 2015

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Notre avis sur Le maître d’armes

Le combat s’achève et laisse les deux combattants grièvement blessés mais sans qu’aucun des deux hommes ne l’emportent. Toutefois le Roi va faire son choix, non pas sur l’homme mais sur l’arme, en tournant le dos à l’esprit de la chevalerie et à un monde fondé sur des valeurs figées et archaïques, se tournant vers la modernité.

Bien plus qu’une simple évolution dans l’art de la guerre, cette nouvelle épée marque une rupture, les prémisses d’un changement de société.

Dans un monde en pleine mutation, entre le moyen-âge et la renaissance Hans Stalhoffer s’accroche lui à l’esprit de la chevalerie avec ses valeurs, ses devoirs et ses codes. Ressentant la décision du Roi comme une trahison, il quitte la cour le cœur amer. De son coté, Maleztraza ne se satisfait pas de cette demi victoire et il n’aura de cesse d’affronter à nouveau le vieux maitre d’armes et de l’abattre afin de prouver sa valeur.

Quelques années vont s’écouler avant que le destin ne remette les deux hommes face à face.

Dans cette société médiévale en pleine mutation, le savoir est le pouvoir. La religion régente la vie des hommes pour qui Dieu et sa parole exprimée par la bible constitue le fondement de toute leur vie
Seuls les clercs savent lire le latin, ils interprètent et apportent au peuple une parole qui le maintien dans un état d’assujettissement et d’obscurantisme forcé.
La Sorbonne, la grande faculté de Théologie et protectrice du dogme est prête à tout pour tuer dans l’œuf ce qui représente pour elle un danger fondamental : la diffusion de la parole divine accessible en langage vulgaire.
Gauvin, le meilleur ami de Hans, chirurgien du Roi qui a abandonné sa charge pour se consacrer à la traduction de la bible en français va être contraint de fuir son abbaye et de rechercher la protection de son ami afin de parvenir en Suisse pour faire imprimer son œuvre et la diffuser.
Un peu contre son gré, Hans va reprendre la route aux cotés de Gauvin et de son apprenti, une route semée d’embuches entre brigands et fanatiques religieux avec à ses trousses son plus farouche ennemi : Maleztraza.

Xavier Dorison nous entraine dans une aventure haletante incorporant avec un art consommé de l’écriture le destin des hommes dans un monde en pleine ébullition.
Appuyant une écriture romanesque sur un fond historique solide et parfaitement maitrisé, il déroule son récit avec une précision d’orfèvre.
Un scénario emporté par le remarquable dessin de Joël Parnotte, d’une finesse et d’une précision saisissante qui met en scène avec force et énergie une aventure tumultueuse dans un album au format généreux de 96 pages qui offre un récit complet avec tout l’espace nécessaire pour laisser s’exprimer tout le talent des deux auteurs.

Des paysages magnifiques, des hommes que la passion anime, un condensé historique contrôlé, Le Maitre d’armes entraine le lecteur dans une équipée dont il est difficile de se détacher avant la dernière case.

Par Olivier, le 4 octobre 2015

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