Les mains invisibles

 
C’est pour quitter la pauvreté mais surtout dans l’espoir de pouvoir gagner de l’argent et l’envoyer à sa famille que Rachid a fini par se décider à traverser clandestinement la Méditerranée avec deux amis, du Maroc vers l’Espagne.

Mais où était-elle, cette opulence dont il rêvait ? C’est en effet dans d’horribles conditions que Rachid a dû survivre ; de boulots difficiles et mal payés en squats tous plus sordides les uns que les autres… Mais toujours avec volonté et avec espoir, et toujours en pensant à sa femme et à sa fille qu’il avait laissées derrière lui en leur promettant qu’il reviendrait un jour et qu’alors la vie serait moins dure pour eux tous…
 

Par sylvestre, le 12 avril 2015

Notre avis sur Les mains invisibles

 
Plus de dix années en arrière, lors d’un voyage à Paris, Ville Tietäväinen a vu ces vendeurs à la sauvette qui lancent haut sur des vitres des petits bonshommes en caoutchouc souple et collant qu’on récupère ensuite, après qu’ils soient redescendus "acrobatiquement". Et il s’est demandé, en regardant ces vendeurs manifestement immigrés, quel avait bien pu être leur parcours pour n’avoir trouvé que cette activité pour gagner trois sous loin de chez eux. C’est ainsi que l’auteur finlandais s’est intéressé à l’émigration, ce qui l’a conduit à séjourner plusieurs mois en Espagne et au Maroc d’où il a rapporté cette noire fiction très intense.

C’est sur plus de 200 pages que s’étend son récit. Les textes y sont assaillants au début, puis on s’adapte à leur rythme, à leur densité, pour apprécier finalement au mieux le propos. L’histoire voit se succéder les différentes phases principales de la vie européenne de Rachid : l’avant-départ, le voyage, la période pendant laquelle il a travaillé au sud de l’Espagne, l’arrivée à Barcelone… Et tout ça s’étoffe grâce au côté humain de "l’aventure", avec les amis, la famille, les passeurs, les patrons, les femmes, les autres clandestins… Avec les doutes, les joies, les espoirs et les déceptions, aussi…

Rachid est très attachant. Petite âme confrontée aux difficultés (qu’elles soient matérielles ou morales) il est un "invisible". Mais il est chez Tietäväinen un héros, et les superbes couleurs qu’a posées l’artiste sur ses planches envoient de véritables rayons de soleil dorés sur son personnage : des rayons qui, malgré la crasse, la faim, la peur et le doute, percent la noirceur pour sublimer Rachid dans sa quête acharnée et désespérée.

Les mains invisibles
est une très bonne bande dessinée pleine d’humanité. En plus de nous livrer une histoire longue et très forte, elle nous fait réfléchir sur des thèmes aussi divers que l’émigration et tous les sacrifices qu’elle impose, sur l’esclavage, sur la religion ou sur l’égalité entre les hommes. Bravo, et kiitos !

Lire aussi sur le même sujet : Clandestino, par Aurel, aux éditions Glénat.
 

Par Sylvestre, le 12 avril 2015

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