MAGICIEN DE WHITECHAPEL (LE)
L’éternité pour mourir

Pour avoir réalisé à la Tour de Londres un spectacle de magie sulfureux, le magicien Jerrold Piccobello a été condamné par la reine Victoria et pris en charge par le sinistre superintendant Mister Pitch. Soumis à la question, le magicien et son associée Céleste subissent les pires sévices. Cette dernière meurt tandis que Jerrold, bénéficiant de l’immortalité satanique, survit. Lors d’un break, le magicien parvient à s’extraire de la salle des tortures grâce à l’intervention du Rabouin et fuit, totalement dépité, retrouver sa sœur Dazy à Whitechapel. Après l’avoir requinqué et habillé, la jeune fille lui apprend que le théâtre The Eagle où leur histoire a commencé a totalement été détruit par les flammes depuis bien longtemps. Interloqué par cette révélation qui va à l’encontre de ce qu’il a pu voir il y a peu, Jerrold retourne sur lieux et découvre en effet l’état calciné du théâtre. Il comprend alors qu’il s’est fait avoir lors de sa précédente venue par celui qu’il a rencontré, à savoir le diable en personne. N’y tenant plus, il décide d’invoquer ce dernier pour des explications dare-dare et finit par être rattrapé par Mister Pitch. L’heure de la vengeance aurait-elle sonné.

Par phibes, le 11 avril 2016

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Notre avis sur MAGICIEN DE WHITECHAPEL (LE) #3 – L’éternité pour mourir

Le pacte que Jerrold Piccobello a contracté avec le diable semble de plus en plus dur à porter. En effet, alors qu’il croyait devenir le plus grand magicien de tous les temps grâce à son immortalité, le pauvre homme se retrouve à subir les tortures les plus viles. Qui plus est, il en a même perdu la seule personne qui lui apportait un brin de stabilité à savoir Céleste. De fait, il sent que le Rabouin s’est joué de lui et que son salut se trouve dans la réparation.

Par ce troisième volet, André Benn vient nous livrer la fin de l’équipée extraordinaire du magicien, pris sous l’aile satanique du rabouin. Force est de constater que l’auteur nous livre un dernier volet pour le moins endiablé, au sein duquel tout peut encore arriver. A commencer par la disparition de la pétillante Céleste qui vient enlever ce brin de féminité réconfortante pour nous entraîner dans une descente aux enfers implacable. C’est donc un homme en colère que nous suivons, promis à se venger de ceux qui ont fait disparaître sa dulcinée.

Il ne fait aucun doute que si la tonalité de cet opus sent le soufre et se révèle dans des accents dramatiques évidents parfois très douloureux, il n’en demeure pas moins qu’il bénéficie, de par ses effets méphistophéliques décalés, d’un brin de légèreté formidablement appréciable. Il est certain que les jeux de mots liés au malin sont pléthores et montre à quel point André Benn a surtout voulu évoluer dans un registre loin d’être « mortel ».

Le parcours de Jerrold, plongé dans un jeu luciférien torride, est encore parsemé de face-à-face toujours aussi hors norme et génère comme il se doit de bonnes sensations. De fait, les rebondissements qui en découlent nous entrainent, sous le couvert d’un verbiage argotique sympathique, dans des situations fantastiques audacieuses toujours aussi bien gérées et suscitent, sous le couvert de cette possession infernale, une saveur acidulée non négligeable.

Le graphisme d’André Benn se veut aussi pleinement envoutant pour ne pas dire démoniaque. Le style semi-réaliste qu’il a su peaufiner au fil des séries antérieures (Mic Mac Adam, Valentine Pitié…) se révèle ici dans une maîtrise complète des personnages et des décors. L’artiste joue parfaitement avec ses crayons d’un coup assuré et nous ouvre, à l’appui d’un encrage malin et une colorisation généreuse signée Pierre Matterne, des univers singuliers et ravageurs.

Une fin d’aventure satanique imparable, menée de main de maître par un André Benn diablement en forme.

Par Phibes, le 11 avril 2016

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