MAGES
Soliman

En la cité de Nazarem, il n’est pas rare de retrouver dans ses bas-fonds le jeune Soliman. Ce dernier, fils bâtard du mage alchimiste attitré du haut dignitaire, le Mahib, cultive une certaine amertume et eu égard à ses faibles talents d’enchanteur, préfère se fondre dans la masse. Lors d’une partie de carte envinée, il échoue pitoyablement en prison avec son adversaire Iixos, un colosse du sud au langage très fleuri. La visite de son père adoptif n’arrange rien à sa situation, si bien que Soliman se promet de quitter la ville à sa libération. Lors d’une nuit, à sa grande surprise, des assassins d’Iraguen tentent de le trucider. Il échappe au pire et apprend dans la foulée que son père est mourant. A son chevet, le jeune mage se voit prié par celui-ci de quitter la ville pour sa sécurité. Mais le Saronide Al’Omaeth le presse à rencontrer le Mahib qui n’attend qu’une chose de lui, celle de prendre la place de son père pour défendre le royaume. Pourra-t-il assurer cette lourde tâche sachant qu’il est connu pour son incompétence ? Ce qui est sûr, c’est qu’il va devoir se mettre à l’œuvre très rapidement puisque des ennemis au Mahib avancent actuellement vers Nazarem, accompagnés par un nécromancien très réputé. La cité serait-elle d’ores et déjà perdue ?

Par phibes, le 28 décembre 2021

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Notre avis sur MAGES #7 – Soliman

La caste des Mages alchimistes est à nouveau mise en exergue au travers de la destinée de l’un de ses représentants, certes pas le meilleur, puisqu’il s’agit de Soliman, un individu à la notoriété en berne au sein de la cité de Nazarem. Pour en conter les pérégrinations, Nicolas Jarry reprend comme il se doit les rênes de cette saga qui s’inscrit dans l’univers des Terres d’Arran et qui a le privilège de se nourrir des saveurs épicées de l’Orient.

Grâce à un choix particulièrement intéressant et inédit dans la série d’un héros sans grand charisme, le scénariste trouve la juste disposition pour nous plonger dans une intrigue dont on peine à croire que le royaume dont il est question peut être sauvé par un tel individu. Personnage tourmenté et loin d’être magnifique, Soliman se voit donc par défaillance du mage en place promu au niveau de défenseur d’un Etat contre un autre mage ô combien supérieur à lui. Epaulé par un individu très efficace, il nous entraîne dans des péripéties qui ont l’avantage d’être captivantes et remplies de bonnes surprises.

L’intrigue a donc un certain potentiel et nous prépare inévitablement à une rencontre hors norme entre deux mages aux aptitudes très différentes. L’un raté et roublard, l’autre tout puissant et mal intentionné, Nicolas Jarry joue subtilement sur les antagonismes et tend à nous faire comprendre que rien n’est gagné. Il va de soi que l’artiste fait un bon travail en profondeur sur son héros en faisant quelques flash-backs explicatifs tout en l’agrémentant d’une certaine légèreté, surtout portée sur les épaules massives de l’impayable Iixos.

Connu pour ses interventions graphiques dans la série des Maîtres Inquisiteurs (voir tome 7, 12 et 15), Andrea Cuneo continue à faire impression. D’un style à la fois rigoureux et soignée mis en valeur par un encrage maîtrisé et une très belle colorisation, l’artiste nous offre un travail pour le moins léché et bien imprégné des ambiances orientales. Le réalisme dont il fait preuve se veut de grande qualité, au vu des superbes espaces de Nazarem et des personnages charismatiques qui y déambulent. Soliman, même s’il est hors coup, a quelque chose d’attachant dans sa physionomie, tout comme d’ailleurs Iixos, hercule ravageur fort en gueule et en action.

Une aventure à l’orientale d’un mage alchimiste pour le moins réussie, qui a l’avantage de redorer le blason de la saga.

Par Phibes, le 28 décembre 2021

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