Made in Korea

(Made in Korea 1 à 6)
Pour pallier une baisse progressive de la natalité, des entreprises privées ont mis au point des "enfants artificiels". Quelque part en Corée, un informaticien de génie réussit à créer une nouvelle intelligence artificielle qu’il intègre alors à un modèle de robot expérimental. Pour garder le contrôle sur son invention, il expédie l’enfant artificiel aux États Unis, dans une famille afin d’observer son évolution. Cependant, cette nouvelle IA réagit au-delà de toute prévision…

Par fredgri, le 12 mars 2023

Notre avis sur Made in Korea

Sorti quelque peu discrètement, cet album se révèle pourtant comme une étonnante et très intéressante surprise.

Jeremy Holt et George Schall nous livrent une passionnante fable futuriste qui met en scène une jeune Intelligence Artificielle qui tente de s’intégrer, d’apprendre à se connaître, à accepter sa nature et comprendre comment devenir un être à part entière.
Mais même si le début peut paraître assez convenu, nous renvoyant à d’autres œuvres d’anticipation traitant de la réalité d’une IA, très vite les deux auteurs approfondissent leur propos en y intégrant la notion de l’erreur, en partant sur des pistes moins conventionnelles qui rendent ce Graphic Novel très original dans l’intention.

Il faut dire que l’écriture est vraiment touchante, qu’on s’attache petit à petit à la petite Jess. C’est subtil et très profond. Il n’est pas ici question de juger cette évolution technologique, ni même d’amener un débat sur le danger qui peuvent en découler, mais bel et bien de se poser la question de l’identité et de cette quête qui nous anime tous, à un moment donné, sur notre place et sur ce que nous sommes profondément, ainsi que les valeurs qui peuvent nous représenter au fil de notre parcours de vie. L’idée que Jesse puisse être un être artificiel permet d’amener un personnage vierge, neuf de toute éducation antérieure, qui regarde donc le monde en toute innocence, quitte à tester des pistes, à se tromper, mais à en tirer des leçons.
De plus, les auteurs posent très clairement la question du genre. De par sa nature Jesse n’est ni féminin, ni masculin. Elle se positionne initialement en "jeune fille", par convention, mais quand sa conscience s’éveille, quand elle prend conscience de son image, de ce qui s’en dégage, elle décide de s’assumer davantage selon ses aspirations et décide d’adopter une identité d’abord androgyne… Et cette sensibilité qui se glisse dans le récit est vraiment intéressante, car elle s’abstrait des codes genrés pour développer bien plus un regard sur la nature profonde de l’individu.

Le scénario est vraiment captivant d’un bout à l’autre. Le rythme est extrêmement bien dosé, avec tout ce qu’il faut comme rebondissements et coups de théâtre. Le tout accompagné par des dessins particulièrement magnifiques.

Une vraie réussite que je ne saurais assez vous conseiller de vite redécouvrir !

Par FredGri, le 12 mars 2023

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