Congo, la Grande Guerre

En juin 1915, Gaston Mercier, officier de l’armée royale belge, se trouve sur les berges du lac Tanganyika en terre congolaise et se prépare en découdre avec l’armée du Kaiser. Pilote émérite, il a pour objectif de tester les appareils dont est doté son unité. Lors d’un rassemblement avec ses pairs, trois objectifs bien précis leur sont fixés, observer, bombarder et couler le vapeur adverse, le Graf Von Götzen. Il ne fait aucun doute que cette dernière tâche est des plus périlleuses car le bâtiment de guerre allemand est bien défendu. Mais avant de passer à l’attaque, l’heure est à la reconnaissance et pour ce faire, des éclaireurs sont affectés aux pilotes. Conformément aux ordres de sa hiérarchie, Gaston se voit affublé d’un autochtone pour le moins original et qui se nomme Madame Livingstone. Porteur d’un kilt et d’un casque colonial, ce dernier va apporter son aide à l’aviateur belge, une aide qui va susciter tout d’abord la surprise, ensuite la curiosité et bientôt faire naître une certaine amitié.

Par phibes, le 24 juillet 2014

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Notre avis sur Congo, la Grande Guerre

Arborant un titre pour le moins suggestif en rapport avec le fameux explorateur britanique, cette bande dessinée amène le lecteur dans les ambiances de la première guerre mondiale en nous transportant, non pas sur le théâtre des opérations européennes mais sur le front africain où la guerre s’est transportée.

A la barre de ce récit à l’exotisme bien marqué, Christophe Cassiau-Haurie qui produit ici son premier album grand public, vient se focaliser sur la destinée d’un autochtone particulièrement charismatique et surprenant dans sa façon de parler, d’agir, de se vêtir, embringué dans le conflit qui opposent les forces belges à celles allemandes. Grâce aux liens opérationnels et affectifs qui ne vont pas tarder à se développer auprès du pilote Gaston Mercier, l’on va découvrir peu à peu ce personnage de couleur noire plein de ressources et surtout des plus fascinants.

Christophe Cassiau-Haurie gère son histoire pour le moins attachante, rappelant avec force et authenticité le climat tendu de la Grande Guerre, au sein de laquelle des hommes de différentes cultures sont appelés à se croiser. L’évocation est riche, subtilement et énigmatiquement liée au célèbre explorateur (on se pose inévitablement la question de la réalité d’un tel lien), reposant sur des dialogues humanistes ciselés en rapport avec l’époque coloniale et jouissant d’une dose d’actions entreprenantes. Gaston Mercier et son éclaireur se révèlent à nous avec conviction, faisant tomber imparablement les préjugés, dans une succession de faits élégamment rapportés.

La force de cette histoire dépend également du travail superbe de Barly Baruti, lui-même issu du territoire africain (du Congo plus précisément) qu’il connaît tout particulièrement. Ce dernier élude tout recours à l’informatique pour œuvrer entièrement dans une illustration typiquement en couleurs directes. Le rendu est d’un réalisme des plus séduisants, de par la chaleur dégagée par cet univers pictural mais aussi de par l’harmonie entre les couleurs au point qu’à certains moments, on se plait à le comparer à celui du maître Hermann. Ses personnages possèdent ce quelque chose qui les rend pour le moins vivants, réaliste dans leurs dispositions grâce à un remarquable travail sur leur expressivité.

Une histoire intégrale pleine de sensibilité qui a l’avantage de commémorer à sa manière le centenaire de la première guerre, d’être préfacée par Jean Auquier, directeur général du Centre belge de la bande dessinée et d’être complétée par un sympathique cahier d’études, à posséder urgemment dans sa bibliothèque.

Par Phibes, le 24 juillet 2014

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