M. Töpffer invente la Bande Dessinée

Rodolphe Töpffer est un dessinateur et écrivain genevois, qui publia, à partir de 1927, sept "histoires en estampes" considérées aujourd’hui comme les premières bandes dessinées en tant que telle. D’autant qu’il accompagne souvent ses œuvres de textes théoriques éclairant la richesse, le potentiel et les enjeux de cette "invention" qu’il revendique. Rodolphe Töpffer a donc été le premier à vraiment pressentir toutes les possibilités de ce médium en devenir…
Thierry Groensteen revient sur le parcours de l’artiste, sur son œuvre, sur la formation de la Bande Dessinée elle même…

Par fredgri, le 31 janvier 2014

Notre avis sur M. Töpffer invente la Bande Dessinée

Pour peu qu’on s’intéresse aux origines de la Bande Dessinée, qu’on aime aller fouiller dans les trésors du passé, ceux qui ont permis au langage de se former, de trouver ses codes, ses grands maîtres, on en arrive forcément à entendre parler de Rodolphe Töpffer qui est si unanimement reconnu comme le père de la Bande Dessinée !

Thierry Groensteen revient donc sur cette notion d’inventeur, de théoricien qui colle à la peau de ce prestigieux auteur. Il explique qu’avant Töpffer les différentes expérimentations n’intégraient pas la notion de nouveau média, d’un nouveau langage en devenir, elles n’étaient que des variations du même modèle, la peinture, la gravure, elles exploraient le potentiel d’une série de conventions sans pour autant exprimer le besoin de créer un langage propre à ces pistes qui s’ouvraient devant ces artistes. Töpffer est donc le premier a vraiment formuler une dialectique, une théorisation de ce qu’il appelle "Les Histoires en estampes". L’artiste va donc ensuite proposer, animé d’une incroyable énergie, comme ennivré par la potentialité de ce qu’il met en marche, une série d’oeuvres qui vont servir de premières bases de ce qui va devenir ensuite la Bande Dessinée. Ainsi, il explore le cadre, le texte, la dynamique entre les cases, dans une scène, il établit les ressort d’un gag, étudie la "Physiognomonie" (la science des expressions) et théorise sur ses découvertes.

Groensteen découpe alors son ouvrage en plusieurs chapitres. Il s’interroge sur les "antécédents", ceux qui ont précédé Töpffer dans sa vision, établissant ainsi les mouvements de pensée, les précurseurs qui commencèrent à glisser du texte dans les gravures, qui organisèrent des successions de tableaux pour amener un embryon de séquence narrative… Il insiste néanmoins beaucoup sur le fait que le médium n’apparaitra vraiment qu’à partir du moment ou il sera pensé en tant que tel, ou il sera nommé ! Il présente ensuite le parcours de l’artiste, ses œuvres en détail, sa pensée en explorant le contexte historique, les enjeux théoriques, les remises en question…
C’est passionnant de redécouvrir un artiste par cette voie de la théorie. Même si progressivement, et inévitablement, on finit par légèrement tourner en rond, de temps à autre, malgré les différents angles d’approche de Thierry Groensteen ! Toutefois cela reste particulièrement fascinant d’érudition très accessible. En effet, l’écrivain ne part jamais dans des discours nébuleux, tout est particulièrement bien synthétisé, avec chaque fois les explications qu’il faut pour bien appréhender le fond de ce qui est débattu.
L’exemple parfait d’un livre qui s’adresse à tous, tout en explorant très profondément son sujet, sans concession !

On en ressort captivé par cet artiste assez méconnu du grand public et somme toute assez peu réédité depuis. Mais en parallèle, on est surtout émerveillé par cette leçon d’histoire de la BD que nous offre Thierry Groensteen, une leçon très documentée et argumentée avec passion (Petit bémol tout de même au sujet de cette petite guéguerre qui semble transparaitre parfois, au sujet des écrits de Thierry Smolderen, autre grand théoricien de la BD)

Un livre de référence à dévorer sans plus attendre !

Par FredGri, le 31 janvier 2014

Publicité