Lune l'envers

Lantz est l’auteur à succès de la BD best seller "Le Nouveau Nouveau Testament", mais il n’arrive plus à livrer le 42e album, le blocage… son éditeur le menace, de gros enjeux financiers sont engagés, il faut absolument que Lantz livre ses premières planches, sinon il faudra le remplacer… Alors l’auteur se remet petit à petit en question, hanté par ses souvenirs, par la vieillesse, le corps qui flanche… Il repense à la belle Liebling, à cette flamme qui l’animait jadis…

Par fredgri, le 31 janvier 2014

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Notre avis sur Lune l’envers

Au premier abord le nouveau Blutch est un album assez nébuleux ou il est difficile d’entrer, ou tout du moins de complètement appréhender ce qui nous est raconté. Mais il faut se laisser immerger lentement, même si les allers-retours dans le temps sèment la confusion, entre le jeune et le vieux, entre le fantasme et la réalité, entre le corps et l’esprit, cette Lune L’envers multiplie les fausses pistes, poussant le lecteur à finalement ne plus trop se poser de question, à se laisser entraîner… Tout viendra bien à point pour qui sait attendre…
Et en effet, progressivement, les pièces du puzzle commencent lentement à se recoller, même s’il reste des coins obscurs à décoder deçi delà… Toutefois, l’ambiance générale de cet album hors norme nous présente l’univers intérieur d’un artiste en proie avec non seulement les limites de son corps, du temps qui l’entoure, mais aussi avec ce monde du travail aliénant qui exige de lui un du dont il aimerait s’abstraire… Lantz va devoir alors retrouver cette flamme qui lui faisait palpiter le cœur, cette flamme qui s’est entre temps perdues dans les méandres de sa propre histoire, dans ces relations compliquées avec les uns et les autres.

Blutch livre ici un album complexe qui ne propose pas d’entrée très clairement définie. Il faut accepter de laisse glisser autour de nous ces éléments qui perturbent le récit, comme la belle Liebling qui sort avec le jeune Lantz et qui rencontre sa version future, puis il y a ces voitures en bois etc. Par contre, dès le moment ou on comprend que cet univers et son langage ne sont que symboliques tout prend un autre sens, une autre dimension. Les éléments se projettent les uns sur les autres, certains devenant le reflet d’une douleur passée, le rapport avec les parents, avec les femmes, avec l’Art et l’importance de cet amour de jeunesse qui se traîne dans le paysage, victime, rebelle ou amoureuse… Et l’album gagne de plus en plus en profondeur, devenant même fascinant par ce qu’il montre doucement sur le parcours de ce Lantz, mais aussi sur le regard de Blutch sur lui même !

Blutch démontre ici une certaine volonté de régler des comptes avec des thèmes qui lui tiennent à cœur, avec ce rapport complexe qu’il semble entretenir avec la création elle même.
Son trait devient gras et fin à la fois, magnifiquement évocateur de textures, de sensualité au détour d’une courbe, d’une silhouette derrière une vitre… Du très bon Blutch en pleine forme. Passionnant et presque hypnotique même !!!

L’un des albums à avoir en ce début d’année, sans conteste !

Par FredGri, le 31 janvier 2014

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