LUMIÈRES DE LA FRANCE (LES)
La Comtesse Eponyme

Dans la France du XVIIIème siècle bercée par la philosophie des Lumières, un Comte lecteur assidu de ces nouveaux philosophes et néanmoins propriétaire d’une compagnie d’exploitation d’esclave prend conscience du paradoxe de la situation dans laquelle il se trouve. Dès lors il se met à réfléchir à la question… Pendant ce temps, son épouse, la Comtesse Eponyme pense elle aussi mais à tout autre chose…

Par melville, le 3 septembre 2011

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2 avis sur LUMIÈRES DE LA FRANCE (LES) #1 – La Comtesse Eponyme

Joann Sfar est un auteur au talent indéniable et qui aime soulever des questions à tendance épineuse avec le regard décalé et plein d’intelligence qu’on lui connait dans notamment Le Chat du rabbin (Dargaud). Toujours est-il que depuis quelques temps déjà son univers semble comme s’essouffler et l’auteur sombrer dans une complaisance de lui-même. Il s’agit là – j’en conviens bien – d’un jugement assez dur, reflet de ma déception.

La Comtesse Eponyme, premier volet de la nouvelle série de Joann Sfar Les Lumières de la France est un album plutôt irritant. En plus d’un désagréable sentiment de déjà vue (on y retrouve encore une fois le jeune garçon naïf, la fille aux formes généreuses et d’un tempérament loin d’être farouche, ainsi que le « vieux » lubrique et la bestiole qui parle…), le récit semble (du moins pour ce premier tome) manquer totalement son sujet. Annoncé comme une invitation à réfléchir sur les affres de la traite des Noirs, le récit glisse après quelques planches dans le libertinage outrancier du XVIIIème siècle où il s’enlise. Le propos est extrêmement verbeux quand il n’est pas simplement vulgaire. Et c’est sans parler de la narration qui patine où l’on passe d’une intrigue à l’autre sans en comprendre le lien. Non, décidemment Sfar nous avait habitué à mieux. Reste toutefois pour la défense de l’album le dessin de Joann Sfar toujours aussi réussi. Avec les couleurs de Walter on se prend avec plaisir au jeu des différentes ambiances qui jalonnent le récit. A noter également que la présente édition comporte un carnet d’illustrations où on à la chance de pouvoir admirer les aquarelles de l’auteur, ainsi que quelques-uns de ses travaux préparatoires. Mais tout ceci est tout de même trop peu pour convaincre. Dans un sujet proche de celui abordé ici, je ne saurais que trop vous recommander l’excellente série de Nicolas Dumontheuil Le Landais volant (Futuropolis).

Un autre point m’a interpelé. En page de garde, Sfar déclare à propos de ses recherches documentaires sur l’esclage : « Je tiens à signaler que la littérature sur le sujet est très peu abondante, et fort mal distribuée ». Tout cela transpire à mon sens une vanité peu heureuse…

Vous l’aurez compris, cette nouvelle série de Joann Sfar ne m’a pas conquise. Les inconditionnels apprécieront peut-être, pour ma part je vais passer mon tour et attendre.

Par melville, le 3 septembre 2011

Je suis assez d’accord avec la critique ci-dessus et pourtant, j’étais une inconditionnelle de Joann Sfar pour les séries (toujours) brillantes du Chat du Rabbin, Minuscule Mousquetaire, Klezmer, ses carnets, Grand Vampire…

Les Lumières de la France a un dessin et des couleurs qui font rêver (et c’est déjà beaucoup), mais le scénario a un peu cassé ce rêve. Le récit m’a laissé froide et ne m’a pas forcément poussé à m’interroger sur quoique ce soit, ni l’esclavage, ni la liberté des mœurs. J’ai fini l’album par cette pensée « dommage, ça aurait était vachement mieux sans dialogue » et ça me rend un peu triste. J’aimais chez cet auteur le dessin fabuleux mêlé à des propos pleins d’énergie, de fraicheur et d’impertinence, je trouve que depuis un certain temps, la fraicheur a un peu disparu pour laisser place à un ton assez docte, vulgaire et un peu moins fin. C’est bien dommage. Mais peut être que je me trompe et que c’est moi qui vieillis (mais je ne crois pas, lol ). Ceci dit, il est toujours doué Sfar, il a l’air de s’amuser (il le répète sans cesse), il n’est pas à plaindre et il se tape un peu de nos critiques négatives.

Mon conseil pour les lecteurs donc, puisque les bandes dessinées sont devenues ruineuses, lisez un bout de ce livre dans votre librairie avant de l’acheter. Et ne l’achetez pas en cadeau à un inconditionnel de Sfar « avant Gainsbourg », il serait très probablement déçu.

Par evaldess, le 12 mars 2013

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