Luce

Quelque part dans le futur, une énorme manifestation contre la surveillance croissante de l’état, contre les caméra un peu partout et les nano-puce, se monte dans la rue. Luce est avec son copain Esteban, ils sont en première ligne quand les forces de l’ordre interviennent avec violence. Esteban est tué par ses poursuivants tandis que Luce, traumatisée, réussit à s’enfuir. Mais elle est décidée à se venger de cette répression tyrannique… Chaque nuit, elle s’habille de noir et va démolir ces caméras qui pullulent partout. Cet acte de rébellion est vite repéré par les autorités qui tentent d’y mettre un terme…

Par fredgri, le 15 septembre 2014

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Notre avis sur Luce

L’omnipotence d’un état policé continue d’inspirer les artistes en cette période de doute, d’angoisse sur notre avenir, sur les "bienveillances" du gouvernement.

Le scénariste, ici, nous entraîne dans un univers très manichéen, de blanc et de noir, ou il n’existe que deux alternatives bien distinctes. La première, répressive, qui montre un gouvernement qui prône une surveillance de la population, accrue par l’usage de caméras vidéo disséminées partout dans la ville, afin de "prévenir" des dérives et autres agressions, l’autre qui se tient dans l’ombre, une résistance humaniste qui parle de liberté, d’individualité, qui veut réagir.
Évidemment, dans la réalité c’est nettement plus complexe et plus subtile que ce constat Orwellien ! Néanmoins, ici, on se rapproche de ces projets qui remettent en cause les constats normalisés, comme SOS Bonheur, Channel Zero ou encore Nightly News, qui posent des questions, qui interpellent en mettant l’image de l’état face à ses contradictions, à ses abus.

En contre partie, je trouve que le récit souffre quelque peu de finesse, de profondeur en ne poussant pas réellement sa démarche et en se contentant un peu trop d’une approche de surface. Certes, proposer un récit pro-actif qui pointe du doigt une dérive qui inquiète est intéressant, mais on se dit aussi qu’il y avait tellement de choses à exprimer au delà des stéréotypes que c’en est presque dommage !
Toutefois, l’album met réellement en relief des problématiques qu’il faut surveiller de près. Car même si l’acte de Luce semble au départ motivé par la vengeance, tout simplement, bien plus que par la volonté de rétablir un acte citoyen, elle se rend progressivement compte qu’il y a une nécessité pour chacun, que ses opérations de vandalisme nocturnes commencent à résonner, à avoir du sens, que l’information circule, que l’état qui la poursuit se sent fragilisé !

Luce n’est pas une héroïne extraordinaire, loin de là, elle décide juste à un moment donné de s’impliquer !

Aux dessins on retrouve Etienne Martin (Etienne M.), son trait vif, plus proche de l’esquisse, vient servir le propos avec beaucoup d’efficacité en lui rajoutant une émotion du trait, impulsive, sans chichis ni fioriture et la formule fonctionne très bien. D’autant que pour appuyer sa démarche l’artiste à limité sa gamme chromatique à une succession de gris à peine réhaussé parfois par des pointes de rouge… L’effet est saisissant !

Objectif-Mars lance donc sa nouvelle collection "Zone Rouge", deux albums suivent cette sortie: "Flocons de béton" de Patrick Lacan et "Indépendance Béquille" de Sylvie Doumet et Stéphan Plottès.
A surveiller de très près alors !

Par FredGri, le 15 septembre 2014

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