Love story a l'iranienne

Gila, Mila, Omid, Vahid … des jeunes iraniennes et iraniens qui se livrent avec simplicité, sous couvert d’anonymat, sur leur libertés, leurs vies amoureuses, la famille et leurs envies et espoirs.
C’est un regard réaliste et non dénué d’humour, des témoignages qui nous éclairent sur la réalité du quotidien, la difficulté voire l’impossibilité de s’aimer avant le mariage et tous les interdits que bravent certains d’entre eux.
Peut-on encore se révolter en Iran, contre le régime, contre la famille ?

Par olivier, le 18 janvier 2016

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Notre avis sur Love story a l’iranienne

Jane Deuxard : sous ce pseudonyme deux journalistes, un homme et une femme qui, depuis quelques années parviennent à travailler en Iran en immersion discrète. Cet anonymat et cette indispensable invisibilité, qui vaut autant pour leur protection que pour celle des jeunes qui acceptent de témoigner, leur permettent de rapporter une parole étouffée par le régime et souvent par la famille.

La république islamique contrôle et verrouille absolument tout. Les manifestations sont réprimées dans le sang, les arrestations arbitraires et la torture sont monnaie courante. Tenter de protester pour cette jeunesse relève réellement d’un acte de courage.

Le poids du régime est constant, mais aussi et surtout la pression des familles, avec une tradition ancrée dans une histoire et une société qui peut nous paraitre archaïque et qui n’est pas sans rappeler notre propre histoire voici quelques centaines d’années.
Il est difficile pour notre regard occidental de démêler ce qui relève de la religion et ce qui est propre à l’éducation, à la culture perpétuée par des familles. Les multiples barrières, les interdits posés au nom de la pureté, quelle soit physique où culturelle.

A lire les témoignages de ces jeunes iraniens, garçons et filles, on s’aperçoit que leurs intérêts ne sont guères éloignes des nôtres, la liberté d’aimer qui on souhaite, d’écouter de la musique, de faire la fête, d’être libre d’étudier et de fréquenter qui on veut.

La chape de plomb qui pèse sur la jeunesse iranienne est vraiment différemment perçue par les jeunes gens qui acceptent de témoigner devant les deux journalistes.
Ce qui semble faire l’unanimité, c’est la volonté de vivre, d’assumer leurs sentiments et leurs envies. Les risques sont omni présents, pour certains, le frisson de l’interdit, le risque d’être surpris avec toutes les conséquences dramatiques qui peuvent en découler pimentent leurs relations et ajoutent un niveau supplémentaire à l’excitation et à l’amour.

Jane Deuxard nous offrent une immersion dans un Iran où la soif de modernité, de liberté ne s’exprime plus que dans la clandestinité, loin des caméras. Cette volonté d’émancipation n’est d’ailleurs pas ressentie par tous et surtout toutes de la même façon. Une discussion avec deux jeunes Iraniennes sur la place de femme dans leur société est à cet égard très intéressante à analyser et hérisserait le poil de certaines féministes.
Les deux co-scénaristes démontrent bien à cet égard leur objectivité et se gardent de tomber dans le piège du regard occidental sur une société dont la tradition est loin de ce que nous connaissons maintenant dans notre propre culture contemporaine.

La mise en image de ces entretiens par Deloupy, qui va à l’essentiel avec un trait synthétique, soutenant les dialogues, mettant les protagonistes en situation sans que le lecteur ne soit distrait par le dessin, est remarquable.
C’est une immersion dans un univers de résistance à l’échelle individuelle et l’empathie que l’on peut ressentir à la lecture de ces entretiens où la parole est libre est largement portée par le trait de Deloupy.

A souligner, la superbe couverture riche en symboles et tout à fait représentative de l’album.

Par Olivier, le 18 janvier 2016

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