Les louves

Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne., entraînant par la force la France et l’Angleterre dans un conflit guerrier et incitant la Belgique à proclamer sa neutralité. A La Louvière, en Belgique, les habitants comme la famille Balthazar s’inquiètent du drame qui se déroule en écoutant la radio. Au mois de décembre, malgré les nouvelles, cette dernière a décidé d’aller à Bruxelles pour faire des emplettes de Noël et en profite pour faire bombance sans savoir que bientôt sous la pression de l’envahisseur son mode de vie va être bousculé. Le 10 mai 1940, à l’approche des allemands, le gouvernement belge décrète la mobilisation générale. La guerre est bien là et les Balthazar vivent au rythme des nouvelles qu’ils entendent et des évènements qui se déroulent. Alors que des soldats français arrivent dans leur ville et sont accueillis par les habitants, les alertes aux raids aériens se poursuivent obligeant un repli vers les abris. Louis Balthazar, comme pratiquement tous les hommes de moins de 35 ans, est mobilisé malgré sa charge de famille. Malgré tout, l’envahisseur progresse et se retrouve bientôt en France après avoir fait de très nombreux prisonniers. Les hommes manquant, les femmes, en véritables louves, doivent assurer la relève et démontrer qu’elles savent aussi faire face au danger.

Par phibes, le 9 avril 2018

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Notre avis sur Les louves

Après avoir participé à la mise en images de Miss Annie et de la biographie de l’artiste peintre Frida Kahlo, Flore Balthazar intègre la superbe collection Aire Libre des éditions Dupuis pour nous proposer un récit qui se veut inspiré de l’histoire de sa famille. Se rapportant à la seconde guerre mondiale, il a pour objet de nous intéresser aux pérégrinations de celle-ci sous l’occupation allemande et d’évoquer comment les femmes réagissait face à cette contrainte malheureuse.

L’on concèdera que la jeune auteure trouve les mots justes pour nous intéresser à sa thématique. S’appuyant donc sur des témoignages personnels (celui de Marcelle, sa grand-tante, via ses écrits et les discussions qu’elle a pu avoir avec elle) et sur une belle recherche documentaire mâtinée de fiction, elle nous entraîne dans le quotidien de sa famille et de celui d’autres personnes vécu lors de l’épisode guerrier 39/45 au sein de la bourgade belge de La Louvière.

Selon une chronologie bien ajustée et à partir de faits et de personnages réels légèrement transformés (comme par exemple la résistante Marguerite Bervoets), Flore Balthazar narre naturellement avec une simplicité touchante. De fait, on glisse non sans une certaine émotion sur les différentes périodes en suivant ces fameuses louves, Marcelle, Marguerite, chacune dans leur ordinaire, l’une palliant l’absence de son père parti à la guerre et continuant malgré tout à suivre ses études et à suppléer sa mère, l’autre s’installant dans une démarche partisane dangereuse. Le message passe donc sans aucune difficulté, à la fois sensible et à la portée un tantinet symbolique, décrivant avec tact le tourment de ses femmes à l’arrière du théâtre des opérations militaires.

De par sa délicate expressivité, le dessin à main levée de l’auteure fait mouche. Sa simplicité d’exécution génère une réelle adhésion grâce à la sensibilité qui se dégage de son trait. Assurément, il y a du travail derrière tous ces effets naïfs pour bien camper l’époque traitée et démontre sans ambiguïté que l’artiste a tout fait pour ne pas tomber dans la facilité. Ses personnages dégagent une sympathie, une force de caractère fortement agréable et témoignent sans équivoque l’angoisse perpétrée par la guerre.

Un volumineux témoignage tout en générosité et en intelligence servi par une auteure réellement inspirée par ses louves. A lire !

Par Phibes, le 9 avril 2018

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