LOUP M'A DIT (LE)
Première partie

Depuis très longtemps, le loup et l’homme se partagent un territoire qui s’est progressivement transformé, modifiant on ne peut plus sensiblement leur rapport. Le chasseur d’il y a des siècles savait respecter la bête et lui empruntait même sa façon d’organiser sa quête de nourriture. Plus tard, l’homme en quittant la sauvagerie a cherché à l’apprivoiser, à le vénérer même mais son besoin d’espace a réduit considérablement le territoire de chasse du loup. Au point que ce dernier est devenu prédateur pour vivre et s’est attiré de fait la colère de l’homme mais aussi sa crainte. Cette histoire à travers le temps, Ambre qui habite au fin fonds de la forêt ardennaise l’a connaît pour l’avoir reçue en héritage de la farouche et vieille Loba. Est-ce que le loup pourrait revenir, retrouver la place qui fut la sienne un temps ?

Par phibes, le 1 décembre 2020

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Notre avis sur LOUP M’A DIT (LE) #1 – Première partie

Grand fervent de Dame nature, Jean-Claude Servais en est aussi son humble conteur privilégié et également son indéfectible illustrateur. Les nombreux romans graphiques dont il est à l’origine sont là pour en témoigner. Avec Le loup m’a dit, l’artiste nous confirme haut la main son amour pour ces milieux naturels que l’homme n’a pas souillé de son empreinte souvent destructrice. Et pour cela, tout en se rattachant à cet environnement qu’il connaît et dont il tire l’inspiration (les Ardennes belges), il nous livre une histoire à travers les âges qu’il dédie au canidé le plus mythique, le loup.

A la faveur de cette première partie, Jean-Claude Servais se fait fort de conter l’humanité à travers l’animal, démontrant sa lente mutation au détriment de son environnement et de ce qui y vit. Plus documentaire que fictif, l’auteur narre l’homme à travers les siècles et son attitude vis-à-vis du loup. On pourra être surpris de croiser dans ce défilement historique, à des époques très différentes, des personnages récurrents, Ambre, Louis, Charles, se partageant sentiments et visions personnelles.

La lecture se veut enchanteresse par l’humanité qui s’en dégage mais aussi navrante par la malheureuse destinée du loup qui est contée. Découpée d’une manière originale, on plonge dans les rêves de la vieille Loba qui n’en finit pas de jouer sporadiquement avec le temps. Usant de grands encarts narratifs dont certains empruntés à d’autres, le récit a tendance à accabler l’homme dans son rapport avec ses pairs et également avec la nature qui l’entoure. Toutefois, tout n’est pas dit et il faudra attendre le deuxième opus pour saisir toute la substance du message de l’auteur.

Graphiquement, c’est du grand Servais. Dans un style proche de la gravure, l’artiste assure une partition de choix, via une authenticité profonde renforcée par un jeu de couleurs ô combien impressionnant. Entre animaux et forêts luxuriantes, la nature reposante et sauvage se veut richement représentée, prouvant l’admiration sans faille que l’auteur lui voue. A cet égard, la restitution des loups est de toute beauté surtout au niveau des regards.

Une première partie qui a l’avantage de lancer un débat sur le rapport entre l’Homme et son environnement, et ce dans des dispositions graphiques de toute beauté.

Par Phibes, le 1 décembre 2020

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