Lost World

L’étoile Mamango est sur le point de frôler la Terre. C’est un événement majeur car ce météore est un immense bloc qui s’est détaché de notre planète voici cinq millions d’années. Pour les scientifiques, c’est une occasion unique de l’étudier de près. Il disposerait d’une atmosphère comme la nôtre et très certainement de vie.

Quelques petites pierres provenant de l’étoile s’écrasent sur Terre. Un jeune scientifique prodige, le professeur Shikishima, les trouve. Il s’aperçoit que ce minerai a des propriétés énergétiques incroyables. Malheureusement, des personnes mal intentionnées apprennent la découverte et vont tout faire pour s’approprier les pierres.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Lost World

Lost World est une des premières histoires longues dessinées par le célèbre mangaka Osamu Tezuka. Son personnage principal, le détective Moustache, est inventé à l’occasion de ce récit même si celui-ci ne sera officiellement édité qu’après d’autres aventures du même héros.

Tezuka va, en effet, remanier plusieurs fois ce manga avant de le voir publié une première fois en 1946 dans un journal d’Ôsaka puis, sous sa forme actuelle, en 1948. Le style des dessins est d’ailleurs tout à fait typique de l’époque, un peu dans l’esprit des premières esquisses de Mickey par Walt Disney.

Ce côté rétro se confirme à la lecture du scénario. D’abord, on retrouve des thèmes récurrents des auteurs de cette première moitié du XXe siècle. Le voyage sur l’étoile va se transformer en découverte d’un monde perdu avec des dinosaures et une végétation préhistorique. On repense inévitablement au récit de Conan Doyle, au titre éponyme, ou au « Rayon U » de Edgar P.Jacobs.

Le « Lost World » de Tezuka était destiné aux enfants de l’époque et cela se ressent dans les dialogues et les situations qui sont souvent empreints d’une certaine naïveté. Je les qualifierai parfois même carrément de niais. Il faut voir, par exemple, la scène où le professeur éduque les animaux auxquels il a donné une conscience humaine (un des nombreux exploits scientifiques de Shikishima dans le livre). Cela ne pourra amuser qu’un jeune public.

En revanche, d’autres épisodes s’adressent plutôt aux adultes. Il faut d’ailleurs savoir que, à l’origine, le livre n’était pas destiné aux enfants. Tezuka a dû le remodeler pour toucher le jeune public qui était la cible des éditeurs de l’époque.

La relation d’Ayame et du professeur Shikishima, à la fin du livre, subit ce changement de façon flagrante. De la même manière, on sent que certaines scènes « violentes » étaient destinées à être plus marquées mais que l’auteur a dû revoir sa copie pour la version finale.

Voilà donc tout le paradoxe de ce livre. À l’époque, déjà, il a dû changer de lectorat. Cela a laissé des traces et même, probablement, tronqué certains messages qu’aurait voulu faire passer Tezuka.

Se pose alors le problème de cette édition française qui arrive 60 ans après sa première parution japonaise. A qui s’adresse-t-elle vraiment ? Aux fans de Tezuka ? J’en fais partie et, très franchement, je n’y ai pas trouvé la recette de ses grands scénarii, ce qui est logique vu qu’il s’agit d’un de ses premiers ouvrages. Et les propos sont trop naïfs pour toucher les adultes. Aux enfants alors ? Le style et les propos leur paraîtront certainement désuets aujourd’hui.

À bien y réfléchir, ce livre n’intéressera finalement que les inconditionnels purs de Tezuka. Pour eux, il se présentera comme un objet de collection. Ils y trouveront un aspect « historique » puisque ces pages leur révéleront les premiers travaux de leur idole. Lost World fut aussi un des premiers best-sellers du mangaka et cela a indéniablement une valeur symbolique. Pour tous les autres, l’achat de ce livre ne se justifiera probablement pas.

Par Legoffe, le 9 décembre 2007

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