LONG DESTIN DE SANG (UN)
Acte 1

Le 31 mars 1918, alors que Paris subit depuis huit jours le bombardement destructeur d’un canon à longue portée allemand, un jeune journaliste annonce à son patron qu’il détient des informations de premier ordre concernant la chute d’un obus au square du Temple. N’auraient-elles pas un lien avec les évènements multiples qui se sont déroulés la veille et qui mêlent une institutrice anti-militariste et marraine de guerre, un jeune soldat en permission, un journaliste des armées, un commissaire divisionnaire de police, un imprimeur, un acteur, un député et un général à la retraite sur fond d’une opération militaire très douteuse qui s’est déroulée pratiquement un an auparavant dans les tranchées ?

Par phibes, le 17 avril 2010

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3 avis sur LONG DESTIN DE SANG (UN) #1 – Acte 1

En ce début d’année 2010, le scénariste confirmé qu’est Laurent-Frédéric Bollée se distingue particulièrement. En effet, après le 5ème tome de l’Ultime Chimère (sorti en février), le 2ème de Speedway (sorti en avril), et avant le 3ème du deuxième cycle d’Apocalypse Mania (prévu en mai), il parvient à caser le premier tome d’un diptyque fort engageant paru chez 12bis.

C’est dans un récit ténébreux et plein de mystère que nous plonge le scénariste, ayant pour cadrage historique la grande guerre et plus particulièrement le massacre déguisé de tout un régiment dans une tranchée. Pour ce faire, c’est par une évocation choc et plutôt crue que l’auteur nous met dans le bain (celui du sang). Fort de cette introduction qui annonce une intrigue des plus fortes (pourquoi des militaires français ont-ils sacrifié un de leurs régiments ?), Laurent-Frédéric Bollée fait un bond en avant dans le temps et lance son aventure par le biais d’une annonce journalistique très surprenante qui stipule qu’un bombardement en la Capitale française a fait… une victime ?? La question étant posée, rien n’est plus explicite que de faire une marche arrière de 24 heures pour connaître les personnages potentiels qui vont vire cette canonnade.

A mi-chemin entre une évocation théâtrale (d’où le sous-titre et la présentation de personnages en première page) et une enquête policière, le récit coule sûrement, dans une discontinuité étonnante et très rapide. En effet, dans ce mode voulu saccadé presque cinématographique, l’auteur exhibe énergiquement, à faire presque perdre haleine, ses personnages hétéroclites au lien peu évident au départ. Comme par magie, l’intrigue finit par se nouer (l’habitude de la narration aidant) et à unir les intervenants sur un même thème au travers d’évènements qui drainent une part de mystère permanente affriolante. Aussi, l’atmosphère que distillent ces péripéties, plus civiles que guerrières, en un temps conflictuel, est pesante à souhait et verse abondamment dans un registre dont on pressent quelque chose de fort, d’expérimental en préparation.

Après son intervention dans le premier opus de L’or et le sang, Fabien Bedouel reste dans les ambiances meurtrières de la première mondiale. Forçant à volonté sur l’ombrage et les zones noires, il dévoile un travail très habile, fortement pesant. Les études sur ces personnages sont excellentes, leurs expressions sont lourdes de conséquences. Pareillement, les décors sont superbement convaincants et sont le reflet d’une recherche réaliste très intéressante.

Un album très réussi, bien calé, lourd de suspicion, qui pose les bases d’une tuerie suspecte des plus effroyables et dont on attend une explication des plus surprenantes.

 

Par Phibes, le 17 avril 2010

Bollee nous tient dès les premières pages avec cette mort mystérieuse de tout un régiment. Le lecteur a vraiment envie de connaître le fin mot de l’histoire. Mais l’auteur sait distiller avec parcimonie les indices, nous entraînant dans une enquête où les acteurs sont nombreux. Une vision originale de la Première Guerre Mondiale qui laisse augurer une très bonne suite. Je suis en tout cas impatient de la découvrir.

Par Legoffe, le 29 mai 2010

Je ne sais pas trop ce que j’en attendais, et en fin de compte cet album m’a réellement bien plu.

Non seulement parce que je trouve le scénario assez bien ficelé, avec un bon équilibre entre réalité historique et un suspense très accrocheur. Mais en plus parce que le scénariste a imposé une structure d’ensemble époustouflante. Un va et vient incessant entre tout les protagonistes, une science du découpage qui peut déstabiliser, tout ce qui fait de cette histoire, finalement bourrée de personnages stéréotypés, une réelle expérience de lecture.

En soi, le fond de l’intrigue n’est pas vraiment très original. Après tout, les "héros" répondent tous à des schémas archi-rabâchés… Néanmoins, la façon très subtile avec laquelle le scénariste distille les infos, cette manière d’amener l’horreur de la guerre, l’absurdité de cette ambiance belliciste qui montre du doigts le moindre signe de pacifisme, quitte à alimenter une certaine délation, de travailler les différents caractères pour les amener exactement là ou il veut… Tout ces éléments nous donnent vraiment une bonne leçon de scénario.
On reste scotché du début à la fin, on suit la tension qui monte et quand le couperet de la dernière page tombe on prie pour que la suite arrive vite !!!
De son côté le dessinateur offre ici une très bonne prestation. Peut-être très classique, mais parfaitement dans le ton du récit. Une très bonne osmose, en somme !
Une très agréable découverte !

Par FredGri, le 27 octobre 2010

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